Dans la ville de Bhaddiya du royaume d’Anga, vivait un homme riche nommé Mendaka. Lors d’une famine au cours de sa vie antérieure, il avait fait don de la dernière nourriture que lui et sa famille avaient possédée en faveur d’un Pratyekabuddha (Bouddha-par-soi). Grâce à cette charité et à cette domination sur l’ego, il obtint une grande récompense méritoire dans cette vie : la nourriture de la famille ne manquait jamais, peu importait comment elle était consommée ou donnée, la récolte était toujours abondante.
Le disciple féminin qui fait vœu de devenir la "première en don"
Ce ne fut pas seulement Mendaka qui possédait un grand mérite, mais sa femme, son fils, sa belle-fille et ses domestiques avaient également participé à ce don sans ego au cours de la vie antérieure. Ainsi avaient-ils une force magique dans cette vie-ci. Cet acte vertueux et pur les avait conduits à traverser ensemble le cycle de réincarnation.
Son fils nommé Dhananjaya et son épouse Sumanadevi avaient une jeune fille appelée Visakha qui était aussi le trésor du mérite du passé. Au cours d’une vie antérieure de cent mille kalpas auparavant, devant le Bouddha Padumuttara (蓮華上佛), Visakha fit vœu de devenir une bienfaitrice, "première en don", du Bouddha Sakyamuni et de Sa communauté du Sangha. Pour atteindre cet objectif, elle avait autrefois pratiqué beaucoup d’actes vertueux de manière variée sous le siège de nombreux Bouddhas, ayant ainsi accumulé la qualité spirituelle qui devait être accomplie pour devenir un grand disciple. Comme actuellement les mérites et les liens de causalité vertueux étaient déjà mûrs, ils allaient bientôt porter leurs fruits.
Un jour, quand Visakha avait sept ans, le Bouddha, accompagné d’un grand groupe de moines, arriva dans la ville de Bhaddiya. Lorsque Mendaka entendit que le Bouddha était arrivé, il envoya sa petite-fille la plus aimée et lui dit : « Ma chère petite-fille, c’est pour nous un jour heureux car le Bouddha est arrivé dans notre ville. Va rassembler toutes tes assistantes pour aller prier et voir le Bouddha. »
Visakha alla trouver le Bouddha en suivant les instructions, elle se prosterna devant le Bouddha, puis se tint debout sur un côté. Par la suite, le Bouddha donna, à elle et à son entourage, un enseignement du Dharma ; à la fin du discours du Bouddha, Visakha et les cinq cents assistantes atteignirent toutes l’état de Srotapanna (入流果). Mendaka, son épouse, son fils, sa belle-fille et ses domestiques allèrent également ensemble écouter le Dharma et atteignirent aussi l’état de Srotapanna.
La croissance et le mariage
A l’époque, le royaume d’Anga était subordonné au royaume de Magadha gouverné par le fervent roi Bimbisara. Lorsque le roi Pasenadi du royaume de Kosala apprit que cinq personnes de grands mérites extraordinaires habitaient dans le pays voisin, il demanda au roi Bimbisara, son bon ami et aussi son beau-frère, d’envoyer l’une d’entre elles à son royaume de Kosala afin de permettre à ses officiers et à son peuple d’avoir l’occasion de connaître des modèles de pratiques de la vertu. Ainsi, le fils de Mendaka, Dhananjaya, et sa famille emménagèrent au royaume de Kosala, et ils firent construire une belle cité, Saketa, près de la capitale de Savatthi. Visakha grandissait ainsi dans cette famille de haute vertu. Le Vénéré du Monde était hautement respecté en ces lieux ; les moines qui accompagnaient le Bouddha y étaient souvent invités pour accepter des offrandes et pour donner des discours sur le Dharma.
Un riche laïc nommé Migara habitait dans la capitale du royaume de Kosala, Savatthi ; il avait un fils, Punnavaddhana. Lorsque ce dernier atteignit l’âge adulte, ses parents le poussaient à se marier. Mais Punnavaddhana insista sur le fait qu’il n’acceptait de se marier qu’à condition de trouver une jeune fille possédant les "cinq beautés" : une belle chevelure, une belle chair, de belles dents, une belle peau et une belle jeunesse.
Ainsi, les parents embauchèrent une équipe de brahmanes pour rechercher dans tout le royaume une jeune fille remplissant ces conditions strictes. Ces brahmanes partirent vers différents grands villes et villages à la recherche active, mais ils ne trouvèrent pas de jeune fille possédant ces "cinq beautés". Dans leur chemin du retour, lorsqu’ils arrivèrent dans la cité de Saketa, ils virent Visakha qui avait à peine quinze ou seize ans et furent immédiatement frappés par sa beauté. Elle remplissait quatre conditions de leur jeune maître, la seule chose qu’ils ne pouvaient pas voir étaient ses dents. Ils décidèrent de lui parler afin de voir ses dents.
Lorsqu’ils la trouvèrent, Visakha et ses accompagnatrices étaient en train de partir vers la rivière pour se baigner. A ce moment-là, une forte pluie orageuse tomba, les autres jeunes filles s’enfuyèrent dans la panique afin de ne pas être mouillées par la pluie. Mais Visakha continuait d’avancer avec calme et élégance. Les brahmanes s’approchèrent d’elle et lui demandèrent pourquoi elle ne faisait pas comme les autres à se précipiter vers l'abri.
Elle répondit : « C’est comme le roi qui ne ferait pas comme les gens ordinaires à courir pour se mettre à l'abri, une petite fille de bonne famille ne courrait pas non plus pour aller s’abriter de la pluie. En outre, en tant que fille non mariée, je dois prendre soin de moi-même comme si l’on prend soin d’une marchandise en attente d’un bon prix pour sa vente, pour éviter d’être blessée et de devenir ainsi quelqu’un d’inutile. »
Les brahmanes furent impressionnés par cette conversation avec la jeune fille. Ils allèrent ainsi chercher le père de la jeune fille afin de faire une demande en mariage pour leur jeune maître. Dhananjaya accepta la proposition de mariage. Peu de temps après, Migara, son fils Punnavaddhana et toute leur famille vinrent chercher la mariée. Après avoir appris cet événement, le roi Pasenadi du royaume de Kosala et les membres du palais allèrent aussi rejoindre le groupe pour chercher la mariée.
Toutes ces personnes recevaient un accueil chaleureux et un repas copieux du père de la mariée dans la cité de Saketa. Dans le même temps, les orfèvres étaient occupés à fabriquer des bijoux pour la mariée. Trois mois plus tard, les bijoux n’étaient pas encore achevés, mais les bûches étaient épuisées durant la préparation de plats pour les nombreux convives. Par la suite, pendant deux semaines, ils démolissaient de vieilles maisons pour trouver du bois servant de bûches à la cuisson, mais les bijoux n’étaient toujours pas terminés. Les habitants de la cité de Saketa enlevaient alors les vêtements de leurs placards et après les avoir imprégnés d’huile, ils les utilisaient pour faire du feu de cuisson. Deux semaines plus tard, les bijoux étaient enfin achevés, le grand groupe commença alors le voyage du retour.
Dhananjaya donna à sa fille des centaines de chariots remplis de soie, d’or, d’argent et de domestiques comme une dot, il lui offrit également un troupeau de bestiaux dont le nombre était si grand qu’ils remplissaient toutes les rues de la cité. Lorsque ces animaux quittèrent la clôture, le reste du bétail de bovins cassa aussi les cordes et entra dans les rangs qui étaient en marche. Les habitants de quatorze villages appartenant à Dhananjaya voulaient suivre Visakha jusqu’à sa nouvelle demeure, elle était partout bien accueillie. Toute la grande richesse et le nombre important de domestiques que Visakha avait obtenus provenaient en fait de l’accumulation d’actes vertueux dans de nombreuses vies passées, depuis qu’elle avait commencé à servir le Bouddha Padumuttara, il y avait d’innombrables kalpas auparavant.
Les dix exhortations du père
Au moment où Visakha quitta son père, celui-ci lui recommanda dix maximes sous forme de métaphore, lui conseillant de toujours mettre de l’importance sur le don. Il nomma également huit conseillers de confiance pour examiner si sa fille allait se plaindre ainsi que les raisons si c’était le cas. Les dix maximes recommandées par le père sont les suivantes :
Ne pas sortir le feu de l’intérieur vers l’extérieur ;
Ne pas ramener le feu de l’extérieur vers l’intérieur ;
Ne donner qu’à ceux qui donneront ;
Ne pas donner à ceux qui ne donneront pas ;
Donner à ceux qui donneront, mais qui ne donneront pas ;
S’asseoir joyeusement ;
Manger joyeusement ;
Dormir joyeusement ;
Faire attention au feu ;
Respecter les déités de la maison.
Leurs significations sont les suivantes :
L’épouse ne devrait pas dire aux autres du mal de son mari et de ses beaux-parents, et elle ne devrait pas non plus parler de leurs défauts ou des conflits familiaux ailleurs ;
L’épouse ne devrait pas écouter les rumeurs ou les histoires des autres familles ;
Les choses devraient être prêtées uniquement à ceux qui les rendront ;
Les choses ne devraient pas être prêtées à ceux qui ne les rendront pas ;
Elle devrait aider les membres de la famille et les amis pauvres, même s’ils ne la récompenseront pas ;
L’épouse devrait s’asseoir de manière appropriée ; en voyant ses beaux-parents ou son mari, elle devrait se lever et ne pas s’asseoir ;
Avant de prendre son repas, l’épouse devrait d’abord regarder si ses beaux-parents et son mari sont déjà servis, et voir également si l’on prend bien soin de ses domestiques ;
Le soir, avant d'aller se coucher, l’épouse devrait examiner si toutes les portes sont bien fermées, si le mobilier est en sécurité, si les domestiques accomplissent bien leurs tâches, et voir si les beaux-parents sont déjà couchés. Selon les règles, l’épouse devrait se lever à l'aube, à moins d’être malade, elle ne devrait pas dormir dans la journée ;
Elle devrait considérer ses beaux-parents et son mari comme le feu et les traiter avec précaution comme si elle traitait du feu ;
Elle devrait considérer ses beaux-parents et son mari comme des déités.
Le bon cœur compatissant et généreux
Le jour où elle arriva chez son mari dans la cité de Savatthi, Visakha reçut tous types de cadeaux en provenance de différentes classes sociales, selon le niveau social et la capacité des gens. Mais elle était très compatissante et généreuse ; après avoir joint des mots chaleureux de remerciement, elle redonnait les cadeaux aux donateurs, en considérant tous les habitants de la cité comme les membres de sa propre famille. En raison de cet acte noble, elle était appréciée par toutes les personnes de la cité le premier jour de son arrivée dans la famille de son mari.
A partir d’un événement de sa vie, on pouvait constater qu’elle était aussi très compatissante vis-à-vis des animaux. En entendant que son cheval donnait naissance à un poulain en pleine nuit, Visakha et ses servantes allaient immédiatement tenir des flambeaux et se précipiter à l’écurie pour apporter le plus grand soin aux chevaux, ce dont ils avaient besoin.
Convertir ses beaux-parents et entendre le Bouddha prêcher le Dharma
Son beau-père Migara était un fidèle croyant de la voie non-bouddhiste du jaïnisme. Bien que le Vénéré du Monde (le Bouddha) résidât souvent dans un temple tout proche, Migara n’avait jamais convié le Bouddha à venir chez lui recevoir des offrandes. Peu de temps après le mariage, afin d’obtenir du mérite, il invita chez lui un grand nombre de moines jaïnes pour leur faire des offrandes, il les traitait respectueusement et leur offrait de délicieux mets. A leur arrivée, il dit à sa belle-fille : « Viens ma chère ! Vénère les Ahrats. »
En entendant "Ahrats", Visakha fut très heureuse. Elle se précipita au salon, en s’attendant à voir des moines bouddhistes. Mais elle ne vit que des moines jaïnes insolents de telle sorte que cette jeune fille ne pouvait pas les supporter. Elle blâma le beau-père et retourna vers sa chambre, sans les accueillir. Ces moines jaïnes se mirent en colère en reprochant à cet homme riche d’avoir introduit chez lui une adepte féminine du pratiquant Gautama Siddhartha. En outre, ils demandèrent à Migara de la chasser de suite hors de la maison ; Migara essaya alors de les apaiser de son mieux.
Un jour, lorsque Migara était en train de manger du bouillon de riz au miel copieux dans un bol en or, un moine bouddhiste arriva chez lui pour faire l’aumône. Visakha était en train d’agiter un éventail pour son beau-père. Elle se déplaça volontairement pour laisser Migara voir ce moine et lui faire offrande. Bien que ce moine entrât complètement dans le champ de vision de Migara, ce dernier fit cependant semblant de ne pas avoir vu et continua de manger le bouillon.
Ainsi, Visakha dit à ce moine : « Partez, Vénérable ! Mon beau-père est en train de manger de la nourriture avariée. » Migara fut très en colère et voulut chasser sa belle-fille, mais les domestiques que Visakha avait ramenés de chez elle refusèrent d'obéir aux ordres. Après avoir appris que Migara se plagnait de Visakha, les huit conseillers délibérèrent et jugèrent que Visakha n’était pas fautive.
Après cet événement, Visakha dit à la famille de son mari qu'elle allait retourner chez ses parents. Migara lui demanda de le pardonner ; Visakha accepta de rester à condition qu’il lui permît d'inviter le Bouddha et le Sangha chez eux pour leur faire offrande. Migara accepta à contrecoeur, mais en suivant les recommandations des moines jaïnes, il ne les accueillit pas en personne ; seulement par courtoisie, il apparut brièvement en fin de dîner et se retira ensuite derrière les rideaux pour écouter le discours du Bouddha.
Cependant, les paroles du Bouddha le touchèrent profondément, bien qu’il fût caché derrière les rideaux, il aperçut quand même la vérité absolue de la nature de l’existence et atteignit l’état de Srotapanna. Son cœur était rempli de gratitude infinie envers Visakha et il lui dit qu’il la respecterait désormais comme une mère. Il l’appela ainsi "Migara-mata" (mère de Migara). Puis, il alla vers le Vénéré du Monde, se prosterna à Ses pieds et prit refuge dans les Trois Joyaux. Le surlendemain, Visakha invita de nouveau le Bouddha au repas, cette fois-ci, la belle-mère atteignit aussi l’état de Srotapanna. Depuis lors, toute sa famille était devenue des protecteurs fidèles du Bouddha, de la communauté du Sangha des moines et des nonnes.
Protectrice de la communauté du Sangha, première en don
Après son mariage,Visakha donna naissance à au moins dix garçons et dix filles. Ce chiffre continua jusqu’à leur quatrième génération. Visakha avait vécu jusqu’à l’âge avancé de cent vingt ans, mais elle avait toujours conservé l'apparence d’une jeune fille de seize ans. Ce fut le résultat de récompenses méritoires et de joie du Dharma, elle était comblée de joie toute la journée. Il paraissait que son corps était robuste comme un éléphant, pouvant s’occuper d’une énorme famille sans sentir la fatigue.
Tous les jours, elle trouvait le temps de faire offrande aux moines, de se rendre aux temples et elle s’assurait que les bhiksus et bhiksunis ne manquaient pas de nourriture, de vêtements, de logements, ni de médicaments. Le plus important était qu’elle trouvait le temps pour aller écouter le Dharma du Bouddha. Ainsi, le Vénéré du Monde dit : « Visakha est la première donatrice protectrice de la communauté du Sangha. »
Construction du "monastère Migaramatu-pasada"
A propos de cet événement, un fait est particulièrement mentionné dans le Vinaya Pitaka (corbeille de la discipline). Un jour, après avoir entendu le Dharma, Visakha laissa dans le monastère de très précieux bijoux de mariage qui étaient gardés par Ananda. Elle considéra cet oubli comme une bonne occasion pour pratiquer des actes vertueux et décida de ne plus porter ces bijoux. Elle voulut les vendre et faire don à la communauté du Sangha avec l’argent obtenu. Mais dans toute la cité de Savatthi, personne n’avait les moyens d’acheter ces onéreux bijoux.
Elle utilisa alors son propre patrimoine pour les racheter, puis elle fit construire le monastère "Migaramatu-pasada" devant la porte d’entrée de la cité de Savatthi, dans le parc de l’est (à Pubbarama) avec l’argent obtenu de la vente des bijoux. Ce monastère était fréquemment mentionné dans la préface de nombreux sutras bouddhiques car le Bouddha y demeurait souvent durant les vingt dernières années de Sa vie, tout comme Il le faisait de la même manière dans le monastère Jetavana, construit par un autre grand donateur.
Quelques événements durant la vie
Dans le Tripitaka en pali, quelques événements de la vie de Visakha sont mentionnés. Un jour, quelques saints disciples lui demandèrent d’emmener leurs épouses voir le Vénéré du Monde. Elle le fit ainsi, mais certaines femmes ivres montrèrent un comportement inapproprié. Visakha demanda au Bouddha quelle était l’origine du péché de la boisson anesthésique, Il lui dit alors les « Vies antérieures des kumbhanda (鳩槃本生) » : « Dans la forêt, il y avait un homme qui avait découvert du jus de fruits fermenté dans des trous d'arbres forestiers ; après en avoir goûté, il se sentait très excité ; il le savourait alors à nouveau et en était rapidement dépendant. Il attirait de plus des membres de la famille et des amis pour venir en boire, puis ces derniers répandaient cette mauvaise habitude aux autres. Si le roi céleste Sakra-devanam-indra n’était pas intervenu, toute l’Inde aurait été rapidement adonnée à l’alcool ; il apparaissait dans le monde des humains pour leur expliquer les conséquences néfastes de l'alcool. »
A une autre occasion, lorsque Visakha offrit quelques cadeaux précieux aux membres de la famille du royaume d’Anga, les officiers de la frontière voulaient leur extorquer des droits de douane très élevés. Elle rapporta ce fait au roi, mais comme ce dernier était pris par des affaires politiques, il ne s’en était pas occupé. Ainsi, Visakha alla voir le Bouddha et lui demanda Son avis. Le Bouddha dit seulement quelques courts versets, réussissant à faire disparaître l’anxiété et la colère de Visakha :
Le coeur qui change en fonction de l’environnement est toujours la souffrance,
Le coeur qui peut changer l’environnement est la joie ;
Les êtres terrestres sont tous tourmentés par des affaires terrestres,
Ne pouvant rarement sortir de cette attache.
Encore une autre fois, elle alla voir le Bouddha en plein jour sous le soleil brûlant car son petit-fils Datta qui l’avait toujours aidée à faire distribuer des dons de nourriture était soudainement décédé. Lorsqu’elle parla de sa tristesse au Bouddha, Celui-ci lui demanda si elle voulait posséder des enfants et des petits-enfants aussi nombreux que la population de la cité de Savatthi, elle accepta avec joie. « Mais, combien de personnes meurent-elles chaque jour dans la cité de Savatthi ? », demanda le Bouddha. Elle réfléchit un peu et dit : « Vénéré du Monde, dans la cité de Savatthi, il y a neuf, dix, trois, cinq, ou deux, au moins une personne qui meurt chaque jour. Il n’y a pas un jour sans un décès dans la cité de Savatthi. » Le Bouddha lui demanda si dans cette situation, elle n’aurait pas été triste ? Elle répondit qu’elle devait avouer que dans ce cas, elle ressentirait de la tristesse tous les jours. Le Bouddha dit : « Si l’on a cent personnes bien-aimées, il y aura cent tristesses ; ceux qui ont quatre-vingt-dix, cinq... quatre... trois... deux... une personne bien-aimée, ils ont une tristesse. Ainsi, ceux qui n’ont aucune personne bien-aimée n’ont aucune tristesse. Je dis que seulement dans ce cas, il n’y a pas d’anxiété, de tristesse, de souffrance, de souci. »
Les réponses du Bouddha aux questions soulevées par Visakha
1) Les méthodes d’observance des préceptes
Dans l’Anguttara Nikaya (le recueil des discours supplémentaires), le Bouddha répondit aux questions soulevées par Visakha. Un jour de pleine lune, elle arriva au monastère Migaramatu-pasada et reçut l’accueil du Bouddha. Le Bouddha lui demanda pourquoi elle était venue, elle répondit qu’elle était en train d’observer des préceptes.
Le Bouddha, face à cette requête de conseil non encore dite, fit un long discours, en expliquant les deux méthodes erronées dans l’observance des préceptes et une méthode correcte. Pour des bergers et la plupart des laïcs, la pratique des préceptes est d’observer des préceptes aujourd’hui, mais tout en pensant à la jouissance du lendemain. Pour des saints, la pratique réelle des préceptes est d’observer les huit préceptes (八關齋戒) et de se souvenir aussi de la grandeur du Bouddha, du Dharma, du Sangha, du Ciel et de celle des préceptes. Par la suite, le Bouddha décrivait la joie et la vie de différents cieux jusqu’au monde céleste de Brahma et pour conclure, Il fit la comparaison suivante : « le bonheur du monde terrestre comparé à la joie du monde céleste est une souffrance ».
2) Comment se réincarner en "manapakayika devas"
Visakha posa une autre question : les femmes devaient avoir quelles caratéristiques pour pouvoir se réincarner en "manapakayika deva" ? Le Bouddha répondit qu’il y avait huit conditions :
- Vis-à-vis de son mari, peu importe son comportement, elle est toujours une compagne rendant les gens joyeux et heureux ;
- Elle respecte et prend soin des personnes bien-aimées de son mari — ses parents et les sages qu’il respecte ;
- Elle s’occupe des travaux ménagers avec diligence et soin ;
- Elle surveille de manière adéquate les domestiques et se soucie sincèrement d'eux, elle pense à leur santé et à leur nourriture ;
- Elle protège les biens de son mari, ne gaspille pas sa richesse ;
- Elle prend refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha ;
- Elle se conforme aux cinq préceptes ;
- Elle se contente de faire don et de se détacher.
3) Comment surmonter cette vie et la vie ultérieure
La troisième question était : les femmes devaient avoir quelles caratéristiques pour pouvoir surmonter cette vie et la vie ultérieure ? Le Bouddha répondit : « C’est avec la diligence, en s’occupant des domestiques, en respectant son mari et en protégeant sa richesse qu’elle pourra surmonter cette vie ; c’est par la foi juste, l’observance des préceptes, le don et la sagesse qu’elle pourra surmonter la vie ultérieure. »
Les préceptes adoptés et en lien avec Visakha
1) Pouvoir tondre des cheveux des gens pendant la mousson
Certains préceptes de la communauté du Sangha adoptés ont des liens avec Visakha.
Par exemple, elle avait un neveu décidé à devenir moine, mais quand il fit la requête à la communauté des moines de la cité de Savatthi, ces derniers lui dirent qu’il y avait un consensus dans la communauté du Sangha, que, durant la période des trois mois de la mousson, il n’y aurait pas de tonture de cheveux, et qu’il devrait ainsi attendre la fin de la saison des pluies.
Mais après la mousson, il abandonna l'idée de devenir moine. Après avoir appris cette affaire, Visakha alla voir le Bouddha et dit : « Le Dharma est intemporel, il n’y a pas de moment où l’on ne peut pas pratiquer selon le Dharma. » Alors, le Bouddha fixa la règle que l’on ne pouvait pas refuser de tondre les cheveux pour des gens durant la mousson.
2) Les huits manières de faire offrande à la communauté du Sangha
Une fois, lorsque le Bouddha et le Sangha étaient invités par Visakha chez elle, cette dernière pria le Vénéré du Monde d’accepter ses huit types de grâce. Le Vénéré du Monde répondit : « Le Bouddha ne promet pas la grâce. » Visakha dit qu’il ne s’agissait pas d’implorer sur des choses fautives, mais sur des choses justes. Le Bouddha la laissa dire ses souhaits et elle fit ainsi la requête des huit manières de faire offrande à la communauté du Sangha :
- Fournir des imperméables aux moines ;
- Fournir de la nourriture aux moines qui arrivent ;
- Fournir de la nourriture aux moines qui partent en voyage lointain ;
- Fournir des médicaments aux moines qui sont malades ;
- Fournir de la nourriture aux moines qui sont malades ;
- Fournir de la nourriture aux moines qui prennent soin des malades ;
- Distribuer régulièrement du bouillon de riz ;
- Fournir des vêtements de bain aux nonnes qui vont à la rivière se laver.
Ainsi, le Bouddha lui demanda si ces requêtes avaient des raisons particulières. Elle donna une explication détaillée comme suit : |