Le Bouddhisme tantrique fut introduit en Chine lors de la dynastie Tang au VIIIe siècle. A l'époque de l'empereur Tang Xuanzong, trois grands maîtres indiens répandirent successivement le Bouddhisme tantrique :
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Subhakarasimha (637-735) : Originaire du centre de l'Inde, il arriva en l'an 716 à Chang An, capitale de la dynastie Tang. L'empereur Xuanzong lui conféra le titre de précepteur impérial. Il effectua la traduction du Sutra Mahavairocana et la transmission de l'enseignement tantrique du Monde de la Matrice (Garbhadhatu).
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Vajrabodhi (671-741) : Natif du sud de l'Inde, il se rendit en Chine en l'an 720 et reçut également le titre de précepteur impérial. Il fit la traduction du Sutra Vajrasekhara et la transmission de l'enseignement tantrique du Monde du Diamant (Vajradhatu).
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Amoghavajra (705-774) : Originaire du nord de l'Inde, ayant perdu son père durant son enfance, il arriva avec son oncle à Chang An en Chine à l'âge de quinze ans. Il était le serviteur de Vajrabodhi. Après la mort de son maître et sur ses instructions, il retourna en Inde pour approfondir le Bouddhisme tantrique. Quatre années plus tard, il revint en Chine pour répandre le Vajrayana. Il traduisit un très grand nombre de textes tantriques. Amoghavajra fut l'un des quatre grands traducteurs de Sutras en Chine.
Avant l'arrivée de ces trois grands maîtres, le Bouddhisme tantrique existait en Chine mais de manière disparate. Il y fut véritablement diffusé par Subhakarasimha et Vajrabodhi. Quant à l'expansion du Vajrayana dans toute la Chine, Amoghavajra en fut l'initiateur. Amoghavajra fut nommé le précepteur de trois empereurs Tang successifs : Xuanzong, Suzong, Daizong. Les officiers royaux ainsi que le peuple le vénéraient. C'était l'époque de l'apogée du Vajrayana en Chine qui dura un certain temps. Pendant cette période, le Vajrayana était établi comme une religion à part entière appelée le « Bouddhisme tantrique chinois ».
Par la suite, Amoghavajra transmit l'enseignement tantrique au chinois Hui-Guo (746-805). Dans le temple Ching Lung, Hui-Guo donna de manière étendue la transmission des enseignements tantriques du Monde du Diamant et du Monde de la Matrice. De nombreux moines venaient de l'étranger pour y apprendre le Dharma. En 804, le moine japonais Kukai arriva en Chine et reçut la transmission de son maître. Kukai diffusa le Bouddhisme tantrique chinois au Japon et fut le fondateur du Bouddhisme tantrique japonais, le Shingon.
Mais à la fin de la dynastie Tang , de violentes vagues de répressions anti-bouddhiques causèrent la quasi-disparition du Bouddhisme tantrique chinois. L'empereur Wuzong et ses sujets avaient une forte croyance dans le Taoisme. Le Bouddhisme était interdit. Des statuts de Bouddha et des temples bouddhistes furent démolis, des Sutras furent brûlés. Des moines étaient contraints à un retour à la vie séculaire. Le Vajrayana n'avait ainsi pas pu atteindre un niveau d'expansion durable et stable en Chine.
Au XIIIe siècle, l'empereur de la dynastie Yuan, Kublai Khan, attribua à Phagpa, de la lignée Sakya, le titre de "premier précepteur" pour guider tous les moines bouddhistes. Le Bouddhisme tantrique tibétain pénétra ainsi en Chine et ce fut le début de son expansion dans le pays.
Au début de la dynastie Ming (fin XIIIe siècle), en raison des émeutes causées par la secte du "lotus blanc" et par crainte que son peuple ne fût entraîné par cette secte, l'empereur Ming Zhu Yanzhang interdit alors formellement tous types de rassemblements secrets. Par ailleurs, il ne consentit les transmissions et initiations tantriques que dans les palais royaux, ne permettant pas la diffusion du Vajrayana au sein de la population.
Lors de la dynastie Qing (à partir du XVIIe siècle), le Bouddhisme tantrique tibétain était la religion d'état. De nombreux grands lamas tibétains conféraient continuellement des transmissions et des initiations au sein des palais royaux. Le Bouddhisme tantrique tibétain devenait ainsi progressivement florissant en Chine.
Par conséquent, le Bouddhisme tantrique répandu en Chine de nos jours est principalement le Bouddhisme tantrique tibétain. |