Une pensée trois mille
 

Nous ne devons pas négliger la pensée de l'instant, car c'est une conscience de l'univers, un reflet de l'esprit du ciel et de la terre. La force de la "pensée" est inestimable, elle traverse ciel et terre et est omniprésente. Une pensée vertueuse ensemence la cause pour aller dans le monde céleste, une pensée mauvaise déploie le chemin vers l'enfer.

Durant notre vie, nous sommes dans le tourbillon de la "pensée". Tout comme la respiration et la pulsation, les pensées apparaissent puis disparaissent. Elles sont continues, incessantes et ruissèlent sans un moment de répit. Lors du sommeil, les pensées abondent dans le cerveau et les images apparaissent inconsciemment dans les rêves. C'est pour cela qu'une vieille citation dit : « Toutes les pensées du jour se retrouvent dans tous nos rêves du soir. » Ceux qui ont atteint le grand Siddhi peuvent arriver à penser sans penser, à atteindre le niveau de non attachement et à ne pas laisser de clichés troubler inconsciemment leur rêve.

A travers les époques, malgré des capacités exceptionnelles pour conquérir le monde, les grands héros n'avaient pourtant pas la possibilité de contrôler leurs pensées. Jules César avait ainsi dit : « Il est facile de conquérir le monde mais difficile de s'apprivoiser. »

La pensée de l'instant

La force spirituelle qui provient de la pensée est comme un rayon électromagnétique, formant des champs différents de forces spirituelles. Qu'est-ce la pensée de l'instant ? Elle désigne une pensée concentrée et continue pour atteindre un certain niveau de concentration spirituelle. La pensée de l'instant peut aussi être subdivisée en pensée désordonnée, pensée pure et pensée juste (non pensée).

  • La pensée désordonnée : elle est à l'origine de la montée des tourments et de la création de karmas. Bien que ce type de pensée ne soit pas pur, si nous nous focalisons de manière ininterrompue, nous pouvons aussi atteindre un certain niveau de concentration spirituelle qui sera suffisante pour changer les conditions physiques et mentales. Le monde des tourments (que sont les trois mondes et les six états d'existence) est constitué par la pensée désordonnée.

  • La pensée pure : penser et visualiser Bouddha de tout cœur, en évitant que la pensée désordonnée ne surgisse, correspond à la pensée pure. Une personne qui a profondément foi dans le Bouddhisme, qui souhaite fortement atteindre les royaumes de Bouddha, qui prie Bouddha tous les jours avec ferveur, et qui est sur une fréquence de pensée compatible à celle du Bouddha Amitabha, comme un enfant pensant à sa mère, peut renaître dans les royaumes de Bouddha. Mais lorsqu'il y a pensée, il y a karma, et lorsqu'il y a karma, il y a rétribution. Bien que le pratiquant de l'école de la « Terre Pure » n'ait pas de tourments, il crée en fait un karma pur. Lorsque ce karma pur aura mûri, il permettra la réincarnation dans les terres de Bouddha, jusqu'à l' atteinte de l'éveil.

  • La pensée juste : elle fait partie du Noble Sentier Octuple. Il s'agit d'un état de non pensée. La pensée juste ou la non pensée correspond à la vacuité de l'être, à la vacuité du Dharma... Elle représente le monde de Nirvana du corps absolu de Bouddha. Mais la vraie vacuité n'est pas vide, l'image de la pensée juste correspond à un monde de réalité absolue comme les terres de tous les Bouddhas qui possèdent les trente-deux signes majeurs et les quatre-vingts caractéristiques mineures excellentes. Pour simplifier, la vacuité et l'existence ne forment qu'un, tout comme l'essence et l'apparence.

Une pensée trois mille

Extrait de l'œuvre de Zhiyi « Arrêt et Vision du Tiantai » : « L'esprit d'un être humain contient dix mondes de Dharma dont chacun contient aussi dix mondes de Dharma, formant ainsi cent mondes de Dharma. Chaque monde de Dharma contient trente mondes, cent mondes de Dharma contiennent ainsi trois mille mondes. Ces trois mille mondes sont contenus dans une pensée… »

La huitième conscience de l'homme contient les dix mondes. Avoir une pensée d'éveil, c'est atteindre l'esprit de réalité, avoir le même corps que celui de Bouddha, sans naissance et sans extinction. Mais une pensée d'illusion est la chute dans les neuf mondes (six ordinaires, et les trois autres : la voie des Auditeurs, des Eveillés pour soi, des Boddhisattvas). Dans chacun des dix mondes, il y a dix autres mondes, formant ainsi cent mondes ; dans chacun des cent mondes, il y a encore dix mondes, formant ainsi mille mondes ; on distingue aussi trois domaines dans les mille mondes, celui du passé, du présent et du futur, formant ainsi trois mille mondes.

Prenons un exemple, une personne qui n'était pas un être humain dans sa vie antérieure, a pu se réincarner en un être humain parce qu'elle avait pratiqué la vertu. Mais, au cours de cette vie, non consciente de la rareté de la vie humaine, elle côtoie des personnes malveillantes et effectue de mauvais actes, elle devra alors subir les rétributions dans la vie suivante et tomber dans des états d'existence inférieurs. Cependant, durant ses vieux jours, avec la racine de la vertu arrivée à maturité, et une sagesse étendue, cette personne a un total détachement et se confesse avec ardeur. Elle a une foi profonde dans le Bouddhisme, s'engage à vouloir aller dans les terres pures de Bouddha, prie Bouddha avec ferveur, et n'effectue aucun acte malveillant mais tout acte vertueux. A la fin de sa vie, elle sera accueillie par Bouddha et naîtra dans les terres pures de Bouddha en emmenant son karma. Il s'agit d'un exemple de caractéristiques des dix mondes qui apparaissent dans la loi de cause à effet.

En conclusion, les dix mondes apparaissent en fonction de la pensée. Une pensée vertueuse sème la cause pour aller dans le monde céleste, une pensée mauvaise déploie le lien avec l'enfer. Ainsi, quel que soit l'état d'existence de tous les êtres, les dix mondes se trouvant au sein des êtres ne disparaissent jamais. Sous la loi de cause à effet, les caractéristiques des dix mondes traversent les trois périodes, c'est-à-dire le passé, le présent et le futur, formant ainsi une pensée trois mille.