Un grand maître d’échecs était invité à jouer à un jeu d'échecs chinois avec un jeune. Au début, le jeune était rempli d’une certaine appréhension, mais après avoir joué pendant environ dix minutes, il commença à devenir impatient. Il pensa : « On m'a dit que le grand maître d’échecs était superbe dans le jeu d'échecs et qu’il avait été champion dans de nombreux tournois d'échecs quand il était jeune. Néanmoins, en ce moment, il n’est ni distingué dans le positionnement des pièces d'échecs, ni bon en jouant. Cet homme en face de moi est le grand maître d’échecs, l’est-il vraiment ? Sa compétence dans le jeu d'échecs est trop superficielle pour un tel honneur ! » Il décida alors de prendre l’initiative en lançant une attaque "massive" sur son adversaire sans aucune hésitation.
En un instant, le jeune occupa vraiment une position dominante. Après avoir pris plusieurs pièces importantes du grand maître d’échecs, il le provoqua avec arrogance et dit : « Simplement défendre ne suffit pas pour gagner ; envahir est une nécessité pour vaincre votre adversaire. » Le grand maître d’échecs n’était pas irrité par les paroles du jeune, et il ne faisait pas non plus de modification tactique dans son jeu ; il n’était pas affecté et continuait simplement de jouer silencieusement aux échecs.
« Ils disent que vous êtes le grand maître d’échecs ! », s’exclama le jeune homme. Après avoir pris quelques pièces supplémentaires de son adversaire, le jeune demanda fièrement et de manière ridicule : « Est-ce tout ce que vous avez comme technique ? » Le grand maître d’échecs posa soudain les pièces dans sa main mais jeta un regard fixe sur le jeune. Le jeune le regarda avec mépris.
Le jeune prit immédiatement une pièce de "pion" du grand maître d’échecs. A ce moment-là, parmi les pièces qui restaient du côté du grand maître, seuls le "cheval" et le "canon" étaient considérés comme un peu plus menaçants, les autres pièces étaient toutes inutiles. « J'ai encore beaucoup de pièces sur le plateau de jeu. Il me semble que je peux bientôt vaincre le grand maître d’échecs. Voyons si je peux monter sur le trône du grand maître d’échecs ! » En pensant à cela, le jeune devenait encore plus arrogant : « Voulez-vous abandonner avant que je ne prenne toutes vos pièces sur le plateau ? » Le grand maître d’échecs garda son silence, mais un sourire furtif apparut sur son visage, comme s’il voulait rappeler au jeune un célèbre proverbe : « Un faux mouvement peut faire perdre le jeu » !
Le jeu d’échecs arrivait bientôt à sa fin comme le vainqueur devenait évident. Du côté du grand maître d’échecs, les pièces de "cheval" et de "canon" étaient encore sur le plateau ; mais, il ne restait que les pièces de "Général" et de "conseiller" du côté du jeune. Le jeune était si nerveux qu'il continuait à transpirer ce qui rendait son visage et ses oreilles tout rouges. Il regarda lamentablement l'échiquier. « Désolé ! », s’excusa le grand maître d’échecs comme il essayait de prendre la pièce "conseiller" du jeune. Voyant qu'il ne restait que la pièce "Général" du côté du jeune, le grand maître d’échecs demanda : « Voulez-vous continuer ? » Le jeune était sans voix. Il avait tellement honte qu'il ne pouvait que garder sa tête baissée avec le visage tout rouge. Le jeune était celui qui voulait initialement capturer toutes les pièces de son adversaire, mais finalement il avait fini par avoir toutes ses pièces prises, en d'autres termes, on lui avait fait un "cochon nu" dans le jeu. La devise chinoise : « Un homme doit se mépriser lui-même avant que d'autres ne le fassent » était certainement vraie.
Post-scriptum :
En fait, le grand maître d’échecs pouvait rapidement découvrir que le jeune n’était qu’un joueur moyen ; c’était une tâche facile de gagner contre lui. Afin de ne pas décourager le jeune homme, ni ruiner sa confiance dans le jeu d'échecs, le grand maître d’échecs avait délibérément laissé le jeune prendre certaines de ses pièces, ce dernier n’aurait alors pas trop honte de perdre la partie. De façon inattendue, le jeune ne savait ni appréciait la gentillesse du grand maître d’échecs ; en revanche, il était trop arrogant, grossier et agressif. Son comportement força finalement le grand maître d’échecs de lui donner une leçon. Le jeune s’était lui-même ridiculisé et c’était la faute de personne, excepté la sienne. Il l’avait mérité. En effet, étant reconnu et renommé comme un grand maître dans le milieu du jeu d’échecs, le grand maître d’échecs devait certainement posséder des techniques extraordinaires dans son jeu. Il avait reçu le titre de champion dans des centaines de tournois ; pensez-vous qu’une personne médiocre peut accéder à une telle gloire ou à un tel honneur ? Le jeune était vraiment trop ignorant et arrogant !
Selon les【Vingt Versets sur le Vœu de Bodhisattva】, il est dit : « ne pas utiliser de miracles pour menacer ou attirer ». Bien qu'ayant atteint l'illumination, un Guru ne manifesterait guère son domaine éveillé. Il enseignerait tout simplement aux êtres comment se débarrasser de leur propre souillure et cultiver leurs mentalités afin que leur héritage karmique fût entièrement corrigé. Cependant, les êtres sont remplis d’ignorance. Ils ont tendance à rêver de pouvoirs surnaturels et espèrent toujours que leur Guru leur transmettra l’Anuttarayoga Tantra (moyens d'atteindre la bouddhéité dans la vie présente) et des pouvoirs surnaturels un jour, mais ils ont négligé le fait qu'ils ne possèdent pas les qualités d'hériter de l’Anuttarayoga Tantra. La prise de conscience de soi est une précieuse qualité de l’homme, pourquoi ces disciples ne mènent-ils pas une introspection avant de se plaindre ? Ils se plaignent que leur Guru ne manifeste pas de pouvoirs surnaturels. Ils se plaignent aussi que leur Guru peut uniquement dire sans rien faire de significatif. Ainsi, les vues erronées commencent à surgir. Ils pensent que leur Guru n’est "pas qualifié", comme il n’est pas différent d'une personne ordinaire qui a aussi besoin de manger et dormir. Ce genre de disciples est tellement stupide qu'ils laissent leurs yeux et oreilles couverts par l'ignorance sans s’en rendre compte. Ils sont incapables de remarquer que le discours du Guru est en fait un acte qui laisse la sagesse tomber goutte à goutte dans nos coeurs et cerveaux, c’est-à-dire un acte qui permet à la sagesse d’être accumulée en nous. Ceux qui ont déjà critiqué leur Guru manquent bien sûr de sagesse. Ils sont non seulement restés loin du sammaditthi (la vue juste), mais doivent aussi subir le dukkha-vipaka (la souffrance). (Pour plus de détails, veuillez bien vous référer à《50 Stances de Dévotion au Guru》) Comme cela est lamentable ! |