Tiré de 【Dafangbian Fo Baoen Jing, volume 1, chapitre 2 : La Piété Filiale】 / 【Le Bouddha expose le Sutra du Mahayana sur Bouddha Remboursant une Dette de Gratitude à Ses Parents, volume 1, chapitre 2 : La Piété Filiale】 (大方便佛報恩經‧卷一‧孝養品第二)
Il y avait d'innombrables asamkhyeya kalpas (un nombre incalculable de vies) passés, il existait un pays nommé Varanasi. Le roi de ce pays avait trois princes qui étaient tous de petits rois à la frontière. A cette époque, l’un des ministres du roi de Varanasi leva une armée pour se rebeller et tua le roi. Par la suite, le traître envoya des troupes à la frontière et tua le prince héritier ainsi que le second prince. Entre-temps, le troisième et dernier prince, qui était aussi un petit roi à la frontière, régnait sur son territoire avec un authentique Dharma du Bouddha ; il existait une terre fertile ainsi qu’un peuple joyeux et prospère dans le pays. Le petit roi avait un petit prince héritier âgé de sept ans dénommé Sujata. Non seulement ce dernier était intelligent et bienveillant, mais il aimait aussi pratiquer le Dana (le don). Son père roi le chérissait donc beaucoup. Pendant ce temps, une déité informa le troisième prince des nouvelles du traître qui avait levé une armée pour se rebeller contre Varanasi et le fait que l'armée et les chevaux allaient arriver sur son territoire très bientôt. Ayant entendu ce que la déité avait dit, le troisième prince fut tellement choqué qu'il tomba évanoui sur le sol. Quand il se réveilla, il demanda devant le ciel : « Qui êtes-vous ? Pourquoi puis-je seulement entendre votre voix, mais ne pas vous voir ? Est-ce vraiment vrai ce que vous venez de dire ? » La déité répondit : « Je suis la déité gardienne du palais. Comme vous, le grand roi, avez dirigé le pays avec des vertus bénies ainsi qu’un authentique Dharma du Bouddha, vous êtes bien apprécié par votre peuple ; je viens donc pour vous dire la vérité délibérément. Maintenant, vous devriez vous enfuir immédiatement vers le pays voisin pour demander de l'aide. »
Le troisième prince rentra aussitôt dans son palais. Il songea à se rendre dans un autre pays pour demander de l'aide : il y avait deux itinéraires pour aller au pays voisin, l'un nécessitait sept jours de route tandis que l'autre avait besoin de quatorze jours. Le troisième prince était si pressé qu'il ne prépara la nourriture que pour sept jours, puis il appela Sujata, le prince héritier. En même temps, voyant que le grand roi était inquiet sans pouvoir se tenir tranquille, la reine (sa femme) alla immédiatement lui demander la raison. Le grand roi dit qu’elle ne pouvait pas savoir. La reine répondit : « Mon corps et le vôtre sont deux formes dans un corps, tout comme les deux ailes d'un oiseau, les deux jambes d'un corps (humain) et les deux yeux d’une tête. Pourquoi le grand roi dit-il une telle chose maintenant ? » Le grand roi exposa alors la vérité à sa femme. En tenant Sujata, le prince héritier, dans ses bras, il se mit immédiatement en route. Quand la reine vit cela, elle les suivit.
L’esprit du grand roi était si confus qu’il s’engagea par erreur dans le chemin qui nécessitait quatorze jours. Cet itinéraire était dangereux et difficile à parcourir. Il n'y avait ni eau ni herbes sur le chemin, toute la nourriture préparée était alors consommée en quelques jours, mais le chemin à parcourir était encore long. A ce moment-là, le grand roi et sa femme éclatèrent en sanglots parce qu'ils n'avaient jamais souffert d'une telle détresse depuis leur naissance. Après avoir pleuré, le roi réalisa qu'ils finiraient tous par mourir s’ils continuaient tous les trois leur voyage dans de telles circonstances. Pourquoi ne pas tuer sa femme pour avoir sa chair maintenant afin que sa vie et celle de son fils pussent être prolongées ? Il sortit alors un couteau et fut sur le point de tuer sa femme. Dès que Sujata, son fils, vit ce que son père roi était en train de faire, il s’avança rapidement pour tenir fermement sa main, et demanda : « Pourquoi dois-tu tuer mère reine ? »
A ce moment-là, le visage du grand roi fut couvert de larmes et il murmura : « Je tue ta mère pour prendre sa chair afin de maintenir la vie de nous deux. Si je n’agis pas ainsi, nous mourrons bientôt tous de faim. » Sujata répondit tout de suite à son père roi : « Même si père roi, tu tues mère reine, je refuserai définitivement de manger de la chair de mère. C’est insensé pour un fils de manger la chair de sa mère dans le monde, n’est-ce pas ?! Dans ce cas, je vais bientôt mourir de faim aussi. Par conséquent, pourquoi est-ce que père roi, tu ne me tues pas à la place pour que ma chair puisse servir à sauver la vie de mes parents. »
Après avoir entendu les paroles de son fils, le grand roi dit très tristement : « Oh, mon fils ! Tu es juste comme mes yeux. Personne ne veut arracher ses propres yeux pour manger. Je préfère mourir plutôt que de tuer mon fils pour avoir sa chair comme nourriture. » Sujata persuada son père roi : « Si je suis tué, ma chair sera pourrie dans quelques jours. Et maintenant, il existe une méthode appropriée dans laquelle il peut y avoir une chair qui ne sera pas pourrie et ma vie peut également être conservée. Père Roi, pourrais-tu couper chaque jour trois catties (unité de poids chinois traditionnel, 1 catty = 605 grammes) de chair de mon corps et les diviser en trois portions. Deux portions sont destinées à soutenir mes parents et la dernière m’est réservée pour manger afin que la vie de ton fils puisse être aussi préservée temporairement. » Finalement, ne trouvant pas d’autres solutions et voyant la piété filiale déterminée de son fils, le grand roi n’avait pas d'autres choix que de se conformer à la volonté de son fils. En retenant ses larmes, le grand roi brandit un couteau pour couper la chair de son fils afin de se nourrir pour survivre.
Ils marchaient ainsi encore et encore et se rapprochaient de plus en plus de leur destination. Il ne restait plus que deux jours et il y avait de l’espoir pour obtenir de l'aide. Cependant, à ce moment-là, la chair du corps du prince héritier avait été coupée presque complètement, ne laissant que les membres, les articulations et les os rassemblés ensemble. Même s'il n'était pas encore mort, il n’en pouvait plus et tomba alors au sol. Tenant le prince héritier dans leurs bras, le roi et la mère reine se regardèrent face à face et éclatèrent en sanglots. Ils dirent : « Comment osons-nous manger la chair de notre propre fils pour survivre et lui faire subir tant de souffrances ! Même si la distance est proche maintenant, nous n’avons pas encore atteint notre destination. Nous avons mangé toute ta chair et tu vas bientôt mourir. Mourons ici ensemble aujourd'hui, d’accord ? »
Le prince héritier persuada de son mieux ses parents en pleurant : « Puisque Père et Mère, vous avez mangé la chair de votre fils jusqu’à ce stade, que l’on estime que devant, il ne reste plus qu’un ou deux jours de route, et que maintenant, votre fils, je ne peux plus bouger, je veux bien sacrifier ma vie ici. Père et Mère, n’ayez pas pitié de votre fils, en nous faisant tous perdre la vie ici. Père Roi, pourrais-tu couper toute la chair qu'il me reste entre les articulations de mon corps ? Je pense que cela peut vous faire tenir jusqu'à votre arrivée à la destination. »
Les parents écoutèrent le souhait du prince héritier. Coupant la dernière chair restante entre les os du prince héritier et la mangeant, le couple se sépara de lui en larmes après cela. Le prince héritier s’efforça de se lever pour voir ses parents partir. Les parents pleuraient en marchant et regardaient en arrière de temps en temps. Le prince héritier n’en pouvait plus finalement et s’effondra à l’instant où lui et ses parents ne se voyaient plus. A ce moment-là, le corps du prince héritier était couvert de sang et il y avait encore du sang qui s’écoulait lentement. La fragrance se dispersait dans les Dix Directions. En sentant la saveur de la chair au loin, les insectes et les mouches dans la montagne aride volaient et se réunissaient sur le corps du prince héritier. Ils recouvrirent tout le corps et c’était extrêmement douloureux pour le prince.
Avant la fin de sa vie, le prince héritier fit un vœu avec son peu d’énergie restante : « J'espère que les mauvais karmas que j'ai commis dans les vies passées peuvent être éliminés à partir de maintenant, et que désormais, je n’oserai plus en commettre d’autres. Maintenant, j’ai offert mon corps pour subvenir aux besoins de mes parents afin de rembourser la dette de leur grande bonté. J'espère aussi que mes parents pourront obtenir des bonheurs incommensurables. Pour le reste de chair et de sang dans mon corps, je le donnerai aux insectes et aux mouches pour qu’ils puissent tous être rassasiés. Lorsque j'atteindrai la Bouddhéité dans ma vie future, je promets que je vous débarrasserai de votre faim, de votre soif, de vos maladies graves ainsi que de votre vie et de votre mort avec le Dharmahara (le régime alimentaire en harmonie avec les règles du Bouddhisme). » Lorsque le prince héritier finit de faire ce voeu, il y avait des tremblements de terre de six manières différentes sur la terre et le soleil perdit également de sa luminosité. Les oiseaux et les animaux s'enfuyaient rapidement et se dispersaient dans toutes les directions tandis que le niveau des océans fluctuait. En outre, même le Trayastrimsa (l’ensemble des trente-trois devas du royaume céleste) ressentit le grand tremblement de terre et cela surprit le souverain Sakra (le roi des trente-trois cieux) dans les cieux. Afin de déterminer si le voeu de Sujata était sincère ou non, le souverain Sakra descendit sur la Terre et se transforma en toute sorte d’animaux féroces tels que des lions, des tigres et des loups qui voulaient manger Sujata.
Voyant l'émergence soudaine de tous les animaux féroces, le prince héritier ne fut pas du tout effrayé et il murmura : « Vous pouvez tous venir manger ma chair comme vous voudrez. » A ce moment-là, le souverain Sakra rétablit immédiatement sa forme originale et demanda au prince héritier : « Vous réussissez à continuer même s’il est difficile de poursuivre tout en étant capable de vous détacher même s'il est difficile de lâcher prise et vous avez également offert votre chair, votre sang et votre corps à vos parents. En faisant de tels mérites et vertus, que voudriez-vous accomplir exactement ? Voulez-vous naître au ciel en tant que roi Brahma ou devenir le roi Démon ? » Le prince héritier répondit : « J'aimerais rechercher la Voie suprême de la Vérité afin de libérer tous les êtres de la roue de la transmigration. » Le souverain Sakra dit : « La voie qui mène à la Bouddhéité est à la fois longue et difficile. Avant de pouvoir atteindre l’Eveil, il est nécessaire de pratiquer diligemment pendant de nombreux kalpas et d’endurer toute sorte de difficultés et souffrances. Pensez-vous pouvoir vraiment supporter de telles souffrances ? » Le prince héritier dit résolument : « Même s'il y avait une roue de fer chaude tournant au-dessus de ma tête, je ne perdrais jamais l’esprit d’atteinte de la Bouddhéité à cause d'une telle souffrance ! » Le souverain Sakra dit à nouveau : « Les déclarations verbales ne sont pas garanties. Qui vous fera confiance dans ce cas ? » Le prince héritier fit aussitôt un serment : « Si j’ai prononcé une moindre parole mensongère, que mes blessures ne puissent jamais être guéries et rétablies ; si mon voeu est tout à fait vrai, alors, que mon corps se rétablisse comme avant. » Après ces paroles, le corps du prince héritier se rétablit immédiatement en devenant aussi bon qu'auparavant. De plus, son apparence avait l'air encore plus beau et solennel qu'auparavant. A ce moment-là, le souverain Sakra dit avec admiration : « Bien, vraiment bien ! Je ne pense pas que je sois aussi bon que vous. Vous êtes diligent et courageux. Vous atteindrez l’Anuttara-Samyak-Sambodhi (l’Eveil suprême parfait dans le Bouddhisme) très prochainement. Au moment où vous atteindrez la Bodhi (l’Eveil), j'espère que vous pourrez venir me sauver en premier. » Le souverain Sakra disparut dans les cieux après avoir dit cela.
Pendant ce temps, le troisième prince (le grand roi) et sa reine arrivèrent dans le pays voisin dont le souverain sortit de la cité pour les accueillir. Après avoir entendu le troisième prince exposer le déroulement de l'incident, le roi du pays voisin pensa avec gratitude à la bonté et la piété filiale du prince héritier qui était capable d’avoir du détachement même s’il était difficile de lâcher prise en offrant sa chair, son sang et son corps à ses parents ! Il envoya alors immédiatement une grande troupe pour escorter le couple du troisième prince vers leur patrie et pour les aider à réprimer le traître avec les forces armées en même temps. En se rapprochant de l'endroit où ils s’étaient séparés du prince héritier, le couple du troisième prince ne pouvait s'empêcher de se sentir triste. Ils pensaient que le prince héritier était certainement mort et ils souhaitaient simplement récupérer son cadavre afin qu'il pût être enterré dans son pays. Pendant qu’ils cherchaient le cadavre du prince héritier sur le chemin, ils virent de loin le prince héritier dont le corps était guéri et rétabli, en bonné santé. Ils furent emplis d’un sentiment mêlé de chagrin et de joie et avancèrent immédiatement pour l’embrasser, en lui demandant aussi pourquoi il était encore en vie. Après avoir écouté l'évolution de l'incident relatée par le prince héritier, ses parents furent très étonnés et joyeux. Tous trois s’assirent ensemble sur un éléphant pour rentrer dans leur pays. Grâce à la force des mérites fortunés du prince héritier Sujata, le troisième prince récupéra son pays. Le prince héritier monta sur le trône (et devint le roi) immédiatement.
Le Bouddha dit à Ananda (l'un des dix principaux disciples du Bouddha) : le Père Roi de l’époque est maintenant Suddhodana, mon Père (dans la vie actuelle) ; la Mère de l’époque est maintenant Maya Devi, ma Mère (dans la vie actuelle) ; Sujata, le prince héritier de l’époque, est maintenant Tathagata Sakyamuni, mon corps.
Post-scriptum : Avant d'atteindre la Bouddhéité, le Bouddha avait suivi la Voie du Bodhisattva durant de nombreuses vies continues. Rendre l’impossible possible ainsi que faire des voeux immenses avait également contribué à l’atteinte ultime de l’Eveil suprême par le Bouddha. Sincèrement, suivre la Voie du Bodhisattva n'est jamais une tâche facile à accomplir. Il faut continuer même s’il est difficile de poursuivre, et il faut endurer même s'il est difficile de supporter, ce n’est pas une personne ordinaire qui peut persister dans tout cela ! Lorsque le souverain Sakra s'était transformé en lion ou en un autre animal féroce pour tester Sujata, le prince héritier, qui souffrait déjà d'une douleur extrême, ne montrait aucun signe de peur et réussissait à tenir fermement son voeu. Cela permit au souverain Sakra d’avouer sa défaite avec respect !
Il est plus facile à dire qu’à faire. On devrait pouvoir continuer même s’il est difficile de poursuivre. Espérons sincèrement que nous pouvons tous être motivés par l'exemple du Bouddha à pratiquer diligemment avec un grand esprit vigoureux et courageux ainsi qu'un grand Cœur de la Bodhi. Que vous puissiez tous atteindre la réalisation le plus tôt possible ! |