Ce fut à la sixième année après Son illumination que le Bouddha rentra pour la première fois dans Sa ville natale de Kapilavastu, où Il enseigna et délivra Son frère cadet, Nanda. Nanda aurait aimé suivre son frère aîné pour renoncer à la vie de famille et devenir un moine, mais il ne pouvait pas supporter d'être séparé de sa belle épouse chez lui en même temps. Un jour, le Bouddha se rendit au palais (le palais se trouvait à Kapilavastu) pour demander l'aumône au moment où le couple de Nanda prenait le repas ensemble. Ayant appris que le Bouddha venait quémander de la nourriture, Nanda compta aller en ajouter dans le bol d’aumône du Bouddha. Dès qu'il fut sur le point d'apporter la nourriture au Bouddha, Sundari dit : « Je crache maintenant sur le sol et tu dois être de retour avant que la salive ne s'assèche. Sinon, je vais te punir. » Nanda répondit : « D’accord. » Lorsque Nanda marchait en quittant sa maison, Janapadakalyani (Sundari) était en train de se tresser les cheveux. En faisant sa tresse à moitié, Sundari se précipita à la fenêtre juste pour voir le dos de Nanda. Elle cria fort : « Mon chéri ! Reviens vite s'il te plaît ! Mon bien-aimé ! » Bien que Nanda ait eu du mal à faire des pas pour partir, il réussit à s'éloigner de chez lui sans se retourner. Pendant ce temps, le Bouddha utilisa un pouvoir miraculeux pour reculer tandis que Nanda s’avançait. Ils marchaient et marchaient jusqu’à ce qu’ils atteignissent Jetavana Vihara (la distance entre le palais et Jetavana Vihara était supérieure à cinq miles). Le Bouddha dit alors immédiatement à Nanda de se tondre les cheveux pour devenir un moine bouddhiste. Nanda aurait vraiment aimé suivre son frère pour devenir un moine, mais il avait du mal à se séparer de sa belle épouse à la maison. Cependant, du fait que le Bouddha était son frère aîné, il n'osait pas refuser de quitter la vie familiale et de devenir moine. Après une certaine lutte, Nanda reçut le bol à aumône du Bouddha, mais il pensa : « Je me rase les cheveux aujourd’hui, je retournerai (à la maison) un autre jour. »
Nanda attendait toujours son heure (pour s'échapper). Cependant, après l’attente d’un jour puis d’un autre, il n’y avait aucune chance jour après jour car le Bouddha, ainsi que les Arhats, séjournaient tous en permanence à Jetavana Vihara. Ainsi, il était très inquiet. Un jour, le Bouddha et les Arhats sortirent tous pour recevoir des offrandes, ne laissant que Nanda pour s'occuper du lieu. Ce dernier pensa : « C’est l’occasion aujourd’hui. » Néanmoins, le Bouddha avait demandé à Nanda de balayer le sol avant Son départ. Quand il eut juste fini de balayer les ordures dans un tas, un coup de vent souffla et dispersa à nouveau les ordures sur le sol. Il ferma alors les fenêtres, mais lorsque cette fenêtre fut fermée, l’autre fenêtre s’ouvrit de nouveau. Balayant le sol et fermant les fenêtres à plusieurs reprises, Nanda mit près de deux à trois heures pour ce travail. En réalisant que le Bouddha serait de retour très bientôt, il se dit : « Que le Bouddha revienne ou non, je dois fuir. » Il pensa ensuite : « Le Bouddha ne prend jamais de petits chemins, Il ne marche que sur de grandes routes. Je devrais donc m'échapper en empruntant des ruelles. » Après avoir parcouru une distance d'un à deux miles, Nanda vit le Bouddha se diriger vers lui par un chemin opposé. Il se cacha tout de suite derrière un grand arbre et attendit que le Bouddha fût passé avant de pouvoir continuer (à s'échapper). Qui sut que lorsque Nanda alla vers ce côté, le Bouddha vint de l'autre direction immédiatement. Le Bouddha demanda à Nanda en le voyant : « Que fais-tu ici ? Pourquoi ne surveilles-tu pas plutôt la porte ? » Nanda pensa : « Je ne peux pas dire que je me suis échappé. » Il répondit alors : « J'attendais Ton retour depuis un moment. Voyant que Tu n'es pas encore rentré, je viens Te chercher ici, de peur que Ton bol d'aumône ne soit trop lourd à porter. » Le Bouddha dit : « Mon frère cadet est vraiment bon. » En conséquence, le Bouddha ramena Nanda de nouveau à Jetavana Vihara. Par la suite, Nanda suivait le Bouddha pour voyager partout. Ils arrivèrent à Sravasti où ils s’installèrent finalement.
« Mon chéri ! Reviens vite s'il te plaît ! Mon bien-aimé ! » L’exclamation de Janapadakalyani au moment de son départ persistait dans l’esprit de Nanda, ce qui le rendit malade du fait de la rupture amoureuse. Il était rempli de douleur et de dépression et devenait de plus en plus hagard et maigre. Par la suite, les artères et les veines de tout son corps faisaient saillie et étaient exposées à la surface de la peau. Nanda, complètement enveloppé par les veines bleues, était aussi pitoyable qu’une petite mite empêtrée dans des toiles d’araignées comme il était étroitement enlacé par les souvenirs de la beauté et du charme féminins.
Après avoir entendu la situation de Nanda décrite par les gens, le Bouddha alla délibérément à la petite pièce où Nanda dormait et lui demanda : « Nanda, est-ce que tu te sens bien sous mon enseignement ? » Nanda répondit : « Honoré du Monde ! Je ne me sens pas bien parce que je suis toujours profondément amoureux de Janapadakalyani ! »
Le Bouddha prit la main de Nanda et dit : « Laisse-moi t’emmener faire une promenade. On va aller à la colline jeter un coup d'œil. » Nanda répondit : « Très bien ! » Et il pensa : « Aller à la montagne cette fois-ci, c'est vraiment une bonne occasion pour moi de m'enfuir. » Il y avait beaucoup de singes sur la montagne, environ de cinq à six cents en nombre. Le Bouddha demanda à Nanda : « Nanda ! En faisant une comparaison entre ta femme et les singes, est-ce que ta femme est plus belle ? Ou est-ce que les singes sont plus beaux ? » Nanda répondit sans réfléchir : « C’est bien sûr Sundari qui est plus belle. Le Bouddha, comment les singes peuvent-ils être comparés à Sundari ? » Le Bouddha dit : « Nanda ! Tu es tellement intelligent pour savoir que Sundari est plus belle que les singes. »
Après cela, le Bouddha dit à Nanda : « Nanda ! Tu n’es pas allé dans les cieux, n'est-ce pas ? Viens avec moi dans les cieux (maintenant) ! » Le Bouddha utilisa alors un pouvoir miraculeux pour emmener Nanda au Ciel. Ils volèrent vers Trayastrimsas (les 33 Cieux) et entrèrent dans le palais du souverain Sakra. En apprenant que le Bouddha était en visite, le souverain Sakra, qui était un disciple du Bouddha, mena immédiatement ses devas pour voir et vénérer le Bouddha. Après s’être prosternés devant le Bouddha, ils (le souverain Sakra et ses devas) s'assirent sur le côté. Les cinq cents apsaras (déesses célestes) à la peau rose du souverain Sakra et ses deux mille cinq cents jolies servantes vinrent également vénérer le Bouddha. Après s'être prosternées, elles s'assirent également sur le côté.
Nanda, qui avait été torturé pendant très longtemps par le souvenir (de Janapadakalyani) et le désir amoureux, ne pouvait s’empêcher de regarder les cinq cents apsaras encore et encore. Il avait toujours cru que Janapadakalyani était la personne la plus magnifique au monde et il n’aurait jamais imaginé que chacune des cinq cents apsaras était cent fois plus belle que Janapadakalyani. En raison de leur peau de couleur rose, elles étaient si belles que même leurs jambes devenaient roses.
Le Bouddha dit : « Nanda ! Tu vois ces apsaras, n'est-ce pas ? » Nanda répondit : « Oui, je les ai vues, Honoré du Monde ! » Le Bouddha demanda à nouveau : « En les comparant à Janapadakalyani, qui est plus belle ? »
En apercevant les apsaras qui étaient absolument magnifiques et qu'il n'avait jamais vues auparavant, Nanda éprouva tout de suite de l’affection et répondit : « Comment peut-on comparer Sundari aux apsaras ? La beauté des apsaras est extrême, et personne ne peut être plus belle que les apsaras. Comparer les apsaras à Sundari est juste comme le cas où les singes ne peuvent pas être comparés à Sundari. En comparant actuellement Sundari aux apsaras, Sundari est exactement comme les singes. » Nanda pensa : « Les apsaras sont vraiment splendides ! Que devrait-on faire pour posséder ces apsaras ? »
Le Bouddha lisait bien dans les pensées de Nanda et Il dit alors : « Il faut assumer les responsabilités d’un bhiksu (moine bouddhiste) avant de pouvoir posséder ces apsaras. » Ainsi, Nanda dit au Bouddha : « Honoré du Monde ! Si l’Honoré du Monde veut bien me garantir que je pourrai (certainement) posséder des apsaras tant que j'exercerai les responsabilités d'un bhiksu, je remplirai alors les responsabilités d'un bhiksu. » Le Bouddha dit simplement : « Bon, travaille bien pour l’atteindre alors ! Nanda ! Je t’accorde la garantie. »
Puis ils retournèrent ensemble à Jetavana Vihara où Nanda commença à assumer les responsabilités d’un bhiksu avec beaucoup d’efforts. En outre, il pratiquait diligemment et méditait (assis les jambes croisées) jour et nuit avec énergie et enthousiasme.
Cet incident fut connu par les frères de la Sangha et tout le monde trouva que c'était incroyable. Sariputra (l’un des dix grands disciples du Bouddha qui était le premier en sagesse) courut vers lui pour le blâmer : « Nanda ! J'ai entendu dire que tu avais demandé à l’Honoré du Monde de garantir que tu pouvais posséder les apsaras si tu assumais les responsabilités d'un bhiksu devant les divers devas des 33 Cieux, est-ce vrai ? Si c’est vrai, cela signifie-t-il que ta pratique de Brahmacharya 清淨梵行 (la recherche et la compréhension de la réalité suprême) est complètement basée sur les femmes et sur le désir amoureux ? Tu remplies les responsabilités d’un bhiksu afin de mettre la main sur des femmes (les apsaras). Dans ce cas, tu n’aurais aucune différence avec un travailleur qui est employé pour travailler, n’est-ce pas ? … »
Nanda était submergé de honte par les critiques. Après avoir réalisé que son comportement était quelque chose de plutôt méprisant, Nanda se prépara alors pour une tâche difficile. Il pratiqua la méditation du matin au soir en conséquence. Une fois, dans son samadhi, il arriva dans un enfer où il put voir deux fantômes chauffer une casserole d'huile. L'huile n'était pas encore bouillie. Les deux fantômes étaient très paresseux. Ils dormaient pendant qu'ils travaillaient et la flamme sous la casserole vacillait. Cela suscita la curiosité de Nanda qui pensait que les deux fantômes n’avaient pas bien fait leur travail. Quand le pot d'huile pourrait-il être bouillie dans de telles circonstances ? Ainsi, il leur demanda : « Hé ! Vous n’avez pas allumé le feu correctement. Il va bientôt s’éteindre ! Que faites-vous exactement ici ? » Les deux fantômes avaient les yeux grands ouverts et dirent : « Ce ne sont pas vos affaires ! Nous ne sommes pas pressés du tout. La personne que nous attendons n’est pas encore arrivée. Il faut attendre encore longtemps avant qu’elle ne soit arrivée ici. » Nanda demanda à nouveau : « Qui attendez-vous ? » Les deux fantômes répondirent : « Vous voulez savoir qui c’est, n’est-ce pas ? Nous pouvons vous le dire. Il est le frère cadet de Bouddha Sakyamuni, Nanda, qui a suivi le Bouddha pour quitter le foyer et devenir un moine bouddhiste afin de pratiquer la voie spirituelle. Cependant, il ne pense qu’à jouir du mérite céleste ainsi que des cinq cents apsaras. Il va passer mille ans dans les cieux. Par la suite, il oubliera tout sur la pratique et commettra beaucoup de mauvais karmas. Dès que son mauvais karma accumulé aura atteint sa limite, il tombera en enfer pour souffrir de la douleur d'être frit dans cette huile bouillante. » Nanda pensa : « Oh ! Comment une douleur aussi terrible peut-elle être tolérée ? » En sortant du samadhi, Nanda ne pratiquait plus dans le but de naître dans les cieux. Il décida de se délivrer de la vie et de la mort à la place. Peu de temps après, il réussit à atteindre l’état d’Arhat.
Par la suite, Nanda alla voir le Bouddha exprès : « Honoré du Monde ! Je ne voudrais pas que Vous soyez encore contraint de tenir la promesse (la garantie des apsaras). »
Le Bouddha dit : « Nanda ! Au moment où tu as atteint l’état d’Arhat, j’ai déjà été libéré des restrictions de la promesse. »
Sans Janapadakalyani, Nanda n'aurait pas eu la motivation nécessaire pour réaliser le moksha 解脫 (la délivrance de la renaissance). |