Un chien blanc aboie contre le Bouddha
 

Rinpoche fit ce discours en 1990
Mis en ligne sur le site le 24 septembre 2014 (environ vingt-quatre ans après)

Introduction
Dans le Sutra bouddhiste, il y a une histoire relatant une personne réincarnée en chien. L’incident s’était produit lorsque le Bouddha demandait l’aumône et passait devant la porte de la maison de Subha Manava Todeyyaputta (ci-après dénommé Subha Manava), le Bouddha fut aboyé furieusement par le chien blanc que Subha Manava avait élevé. Le Bouddha expliqua à Subha Manava en fournissant des preuves afin de lui faire comprendre que le chien blanc était le résultat douloureux de la réincarnation de son père, causé par son propre karma malveillant. En outre, cela permit à Subha Manava de se libérer de sa colère et de développer un cœur bienveillant. Subha Manava sollicita également les enseignements et les conseils du Bouddha, et cela amena alors le Bouddha à lui exposer la vérité des rétributions karmiques afin de lui permettre de comprendre les principes de la cause à effet et de la rétribution, et de prendre l’initiative de pratiquer. Finalement, Subha Manava prit refuge dans le Bouddha pour devenir un Upasaka (un laïc bouddhiste qui observe les Cinq Préceptes).

Orthodoxie
Il y avait une fois un Brahmane nommé Subha Manava à Shravasti (l'une des six plus grandes villes de l’Inde au temps de Bouddha Sakyamuni). Il élevait un chien blanc et l’adorait profondément. Il lui offrait le style de vie le plus luxueux qui soit. La nourriture fournie devait être délicieuse, servie dans un bol en or avec du riz et de la viande fraîche ; un lit lui était fourni pour dormir, avec une literie de haute qualité.

Un jour, en demandant l’aumône, le Bouddha passa devant la demeure du brahmane et fut aboyé furieusement par le chien blanc de ce dernier. Par coïncidence, le maître du chien, Subha Manava, était sorti pour affaires. Le Bouddha arrêta les aboiements du chien blanc en l’appelant par son nom dans sa vie antérieure. Le Bouddha dit au chien blanc : « Tu ne devrais pas aboyer contre moi ! Tu dois savoir que tu a été un humain capable de parler dans ta vie antérieure, mais maintenant tu es devenu un chien et tu ne peux qu’aboyer. » Après avoir entendu les paroles du Bouddha, le chien blanc comprit visiblement le sens de Ses paroles et se mit en colère. Il sauta de son lit, se dirigea vers un tas de bois, s’allongea par terre et fut de mauvaise humeur. Lorsque son maître, Subha Manava, rentra chez lui et vit le chien blanc qui avait l’air malheureux, comme s’il avait été mis en colère par quelqu’un, il demanda aux serviteurs les raisons de cet état. Subha Manava considérait le chien blanc comme la prunelle de ses yeux. Lorsqu’il apprit que son chien bien-aimé était triste à cause de quelque chose que le Bouddha lui avait dit, il ne put s'empêcher de ressentir de la colère et se dirigea immédiatement vers le Jetavana Vihara (monastère) pour demander au Bouddha pourquoi Il avait rendu son chien bien-aimé dans la tristesse. Le Bouddha lui évoqua alors tout l'incident de ce qui s'était passé.

Ensuite, Subha Manava interrogea aussi le Bouddha sur sa relation avec la vie antérieure du chien blanc, mais le Bouddha refusa sa demande (au début). Après les supplications répétées de Subha Manava, le Bouddha finit par révéler que le chien blanc avait été son père dans une vie antérieure. En entendant cela, Subha Manava fut encore plus en colère et ne put retenir sa rage. Il ressentit une envie irrésistible de reprocher, d’insulter et de calomnier le Bouddha. Il estimait que son père avait souvent pratiqué le Dana (dons de charité) et offert des sacrifices à des déités durant sa vie et qu'il aurait donc dû renaître dans le royaume de Brahma. Pourquoi son père s’était-il réincarné en chien ? Le Bouddha dit alors à Subha Manava que son père avait été arrogant et prétentieux avant sa mort et que ses bonnes actions avaient suscité en lui un profond sentiment d’orgueil. A cause de son arrogance, il s’était réincarné en un chien féroce. Le Bouddha récita alors un verset : « Si un Fanzhi (梵志) est arrogant, il se réincarnera dans l’un des Six Mondes suivants après sa mort ; les poules, les chiens, les cochons et les chacals sont quatre d'entre eux tandis que les ânes et l'enfer sont les cinquième et sixième. »

Ensuite, le Bouddha enseigna à Subha Manava trois méthodes pour vérifier si le chien blanc avait bien été son père biologique dans une vie antérieure. Le Bouddha dit : « Votre père est tombé dans le royaume des animaux (Tiryagyoni) à cause de son arrogance et il est né sous la forme d’un chien blanc. Si vous n’y croyez pas, retournez chez vous et dites au chien blanc : “Si tu as été mon père dans ta vie antérieure, retourne dans le grand lit noble ; si tu as été mon père dans ta vie antérieure, continue de finir la nourriture dans le bol en or ; si tu as été mon père dans ta vie antérieure, emmène-moi aux endroits où tu gardais autrefois tes trésors précieux comme l'or, l'argent et le cristal, etc.” » De retour chez lui, Subha Manava effectua immédiatement les tests selon les méthodes du Bouddha. Le chien blanc suivit ses instructions un par un et indiqua l’emplacement du trésor. Après avoir obtenu le trésor, Subha Manava développa une foi profonde dans le Bouddha et fut rempli d’une immense joie grâce à la foi. Alors, il s'agenouilla aussitôt sur son genou droit et joignit ses paumes en se tournant vers la direction du Jetavana Vihara pour remercier et louer le Bouddha à plusieurs reprises.

Après cela, Subha Manava se rendit en personne à Jetavana Vihara pour demander le discours du Dharma auprès du Bouddha. Il demanda au Bouddha pourquoi les êtres renaissaient en tant qu’humains, ainsi que les raisons des différences entre eux. Pourquoi certains d'entre eux avaient bénéficié de la longévité alors que d'autres avaient une vie courte ? Certains étaient en bonne santé alors que d'autres souffraient de maladies ? Certains étaient beaux alors que d'autres étaient laids ? Certains étaient nobles alors que d'autres étaient ignobles ? Certains étaient vertueux alors que d'autres étaient obscènes ? Certains étaient riches alors que d’autres étaient pauvres ? Certains étaient sages alors que d'autres étaient maléfiques et stupides… etc.

Le Bouddha dit à Subha Manava que les êtres sensibles récoltaient les effets de leurs propres causes karmiques créées, et que la gravité de leurs rétributions karmiques variait en fonction de leurs causes et conditions, ainsi que du poids des forces karmiques générées par leurs actes. Ensuite, le Bouddha dit à Subha Manava le principe des rétributions karmiques des vies antérieures. Ayant compris que le chien blanc était en fait l'incarnation karmique de son père, et ayant appris aussi la vérité des rétributions karmiques, Subha Manava réalisa finalement que l’unique façon pour les êtres sensibles de renaître dans de bonnes destinées était de pratiquer de bons actes avec un esprit pur, et que seule la pratique du Dharma permettait de se libérer pour toujours des chaînes du Samsara (le cycle de renaissance). Par conséquent, Subha Manava prit refuge dans le Bouddha et devint un Upasaka.

Conclusion

1. Le chien blanc s’était réincarné à partir d'un humain en un animal, et il manqua encore de respect au Bouddha en aboyant furieusement. Cela révèle à quel point son mauvais karma était profond et lourd. A cause de son arrogance, il sombrait dans le règne animal et renaissait sous la forme d’un chien blanc. Dans ses vies passées, il était arrogant et aimait réprimander les autres, et ce caractère ne s’était pas amélioré. C’est pourquoi, après sa descente dans le règne animal dans cette vie, il a encore conservé cette mauvaise habitude. S’il n’avait pas eu la chance de rencontrer le Bouddha et de recevoir Son discours compatissant, qui sait s’il n’aurait pas créé davantage de mauvais karma dans ce corps animal par ignorance, sans espoir d’échapper aux royaumes maléfiques. Quelle tristesse !
   
2. Subha Manava avait beaucoup plus de fortune que le chien blanc. Heureusement pour lui, il reçut les enseignements du Bouddha, ce qui lui permit au moins d’abandonner sa nature avare et de cultiver une grande bienveillance. Il offrit toute sa richesse au Bouddha et aux moines, puis demande au Bouddha : « Bouddha, pourriez-Vous m’indiquer comment sont les causes conditionnelles de la rétribution karmique ? »
   
3. Si l’on croit au principe de cause à effet et aux Six Voies de la Réincarnation, on saura que même les animaux sont divisés en classe noble et classe inférieure, et que leurs destins sont aussi très différents. Certains animaux doivent ressentir de la peur et de la douleur lorsqu'ils sont confrontés à l'abattage ; certains animaux de compagnie errent dans les rues sans savoir quand ils pourront manger à nouveau, tandis que d’autres rencontrent de bons maîtres et reçoivent un amour et des soins immenses. Les animaux ont chacun un destin différent, sans parler des humains !
   
4. Certaines personnes pourraient peut-être se montrer plutôt critiques, voire méprisantes, à l'idée que les animaux de compagnie sont traités avec le même niveau d'attention et de générosité que les êtres humains. Cependant, du point de vue du principe de cause à effet de trois vies successives dans le Bouddhisme, les humains et les animaux sont tous deux inclus dans les Six Voies de l’existence. En raison de leur lourd karma négatif, les humains se réincarnent en animaux pour souffrir ; tandis que les animaux, ayant épuisé leur châtiment, peuvent réintégrer leur corps humain. Par conséquent, l'amour affectueux que les humains témoignent à leurs animaux de compagnie est aussi une sorte de prédestination profonde dans laquelle il y a certainement des causes et des conditions entre eux, et cela n’arrive pas sans raison. Il est assez courant de lire des histoires sur la réincarnation karmique entre humains et animaux. Dans le passage du « Sutra Subha » du【Sutra Agama】, il existe une vive description de la vérité de la réincarnation karmique.
   
5. Le discours du Bouddha à Subha Manava explique que les actes karmiques peuvent déterminer la longévité / la brièveté de la vie d’une personne, la bonne santé / la mauvaise santé, la beauté / la laideur, la vertu / l’obscénité, la noblesse / l'infériorité, la richesse / la pauvreté et la sagesse / les vues erronées. Les êtres sensibles perçoivent différentes rétributions karmiques, bonnes ou mauvaises, en fonction des actes bons ou mauvais qu'ils ont créés. Selon leurs actes bons ou mauvais, et le "qui se ressemble s’assemble", les êtres sensibles auront des destins et des rencontres heureux ou malheureux en fonction de leurs forces karmiques. Il faut donc comprendre clairement le principe de rétributions karmiques. Semer de bonnes causes produit de bons effets, tandis que semer de mauvaises causes produit de mauvais effets.
   
6. On devrait faire davantage de bonnes actions et éviter de commettre de mauvaises actions afin de trouver la joie et la liberté, en évitant les renaissances sans fin dans les mondes inférieurs. C’est justement une fois que l’on a perdu la forme humaine, qu’il sera très difficile de la retrouver !