Réciter les mantras avec l’esprit habituel
 

Rinpoche fit un discours en premier le 6 février 1994
Rinpoche le répéta à l’Association Bouddhiste Vajrayana (France) en octobre 1994
Mis en ligne sur le site le 24 septembre 2014 (environ vingt ans après)

Introduction
Je me souviens d’une fois, lorsque Rinpoche parlait avec nous (un groupe de disciples) à nouveau, nous nous partagions notre expérience individuelle de ce que nous avions appris dans le Bouddhisme. Rinpoche dit : « Je sais que vous voulez toujours discuter avec moi au fond de votre coeur. En fait, c'est bien moi votre Guru qui voudrais avoir une discussion avec vous. Vous êtes tous mes professeurs. Pourquoi le dis-je ainsi ? C'est parce qu’au cours de vos échanges, je peux parfois entendre des conversations inspirantes qui me font entrer immédiatement dans des pensées profondes et qui me permettent ainsi de saisir et de comprendre quelque chose. Bien que cela ne soit pas des principes qui mènent à l’Illumination suprême pour moi, ils m'ont aidé à comprendre les profondeurs des choses mondaines et certaines philosophies de la vie. Après les avoir étroitement liées au Dharma du Bouddha, le Dharma du Bouddha peut alors être intégré dans la vie. C'est quelque chose de vraiment bien, n'est-ce pas ? Merci pour votre volonté de me rencontrer. »
Ce fait montre bien la bienveillance incommensurable ainsi que la compassion de notre Rinpoche qui s'entend toujours avec nous (ses disciples) avec son gentil esprit, amical et paisible. En outre, il emploie fréquemment des exemples authentiques de lui-même pour nous guider et nous enseigner que « le Dharma du Bouddha n'est pas séparé de l’Eveil dans le monde ». C'est exactement l'esprit habituel de notre Rinpoche.

Contenu
L’"esprit habituel" est une expression que l’on entend souvent. C'est un terme bouddhiste qui signifie que l'on doit tout voir d'une manière ordinaire afin que l'on puisse facilement prendre les choses comme elles viennent. En voyant tout d'une manière ordinaire, on peut devenir plus gai et les souffrances deviennent ainsi de plus en plus légères tandis que le bonheur devient de plus en plus fort. De cette façon, il apparaît une sorte de paix et d'harmonie dans notre vie. Si l'on emploie l'esprit habituel pour traiter les "souffrances" et le "bonheur", on peut accueillir plus calmement tous les défis au cours de la vie. Avoir l'esprit habituel ne signifie pas que l'on peut rester inactif. Comme les affaires mondaines sont impermanentes, nous ne devrions pas céder, même si nous rencontrons différents types de difficultés ou toutes sortes de tentations. En maintenant l'esprit habituel dans un monde plein de désirs matérialistes pour traiter toutes les choses sur Terre, on peut naturellement obtenir la stabilité à la fois dans l'esprit et l'âme. On peut ainsi être libre et délivré. Ceci est aussi la voie de la pratique, d’où le dicton, « l’esprit habituel est la voie ». Ce sont en fait les paroles d’encouragement que Rinpoche nous donne toujours, mais parfois il l'interprète sous une autre forme ou un moyen différent. Si Rinpoche parle souvent de l’"esprit habituel", nous pouvons sentir un tel ennui que cette parole acceptable deviendra une parole de routine inacceptable. Comme alternative, Rinpoche dit : « Il y a beaucoup de types de fleurs et différentes fleurs fleurissent à des moments différents. En outre, le moment exact de l'épanouissement n'est pas connu. A quel jour se produira-t-il ? A quelle heure ? Dans quelle minute ? Quoi qu'il en soit, tant que nous savons que les bourgeons des fleurs ont les capacités de fleurir, pourquoi se soucier de l'heure exacte de la floraison ? Bref, c’est déjà assez bien d'apprendre qu'il y a un moment opportun pour la fleur de fleurir. » Ceci est aussi un exemple pour illustrer l'esprit habituel, il démontre que le gain ou la perte est quelque chose de banal et que gagner ou perdre n'est rien de sérieux pourvu que l’on ait essayé de son mieux. Si l’on a dejà fait de grands efforts et continue de s'efforcer de la même manière, c’est déjà bien.

En rencontrant des disciples qui apprennent le Bouddhisme tantrique, Rinpoche citera la métaphore ci-dessus pour leur enseigner, mais ces disciples auront du mal à l’accepter. Hélas ! Il faut savoir que le Bouddhisme tantrique n'a jamais été séparé de chaque détail de la vie quotidienne humaine. Il (le Bouddhisme tantrique) est toujours autour de nous, à nos côtés !
C'est pourquoi Rinpoche l'explique d'une autre manière : « Il existe de nombreux types de mantras dans lesquels différents mantras ont leurs différentes fonctions et différents moments de correspondance (la réponse mutuelle entre le pratiquant et l'objet de culte, résultant de la correspondance dans le corps, la parole et l'esprit). Personne ne peut prédire quand on obtient la correspondance, cela peut être dans dix ans, un an ou une heure. C’est lié à l'obstacle du karma que vous aviez dans vos vies passées ainsi qu’à vos pratiques spirituelles dans d'innombrables vies passées. Les mérites et les vertus sont accumulés lentement goutte par goutte. Le mantra a son temps d'épanouissement, il faut réciter le mantra jusqu'à ce que la graine-syllabe s'épanouisse dans le chakra du cœur, c'est-à-dire réciter jusqu'à ce que la "réponse mutuelle" apparaisse. Ainsi, il y a une force correspondante à l'intérieur du mantra, c'est le pouvoir du Dharma. Il n'est pas nécessaire de se soucier du moment exact de la correspondance. Bref, c’est déjà bien d'avoir une opportunité de correspondance. »

Beaucoup de plantes ont été cultivées autour de notre Sanctuaire, Rinpoche espère que nous pouvons comprendre cette théorie profonde et subtile. Franchement dit, si nous pouvons réciter des mantras avec l'esprit habituel, la correspondance viendra plus rapidement. C'est aussi l'une des clés et des expériences de récitations des mantras. Une disciple récitait le Mantra aux Cent Syllabes enseigné par Rinpoche avec une diligence intense jusqu'à ce que la correspondance apparut. Un phénomène particulier se manifestait dans lequel d’infinis lotus blancs qui étaient minuscules comme des grains (cela devrait être la taille des graines de sésame) descendaient du ciel ; à ce moment-là, elle pensait que c’était l’exfoliation de la peinture au latex due au mauvais état du plafond ! En récitant avec l'esprit habituel, elle est habituée à voir (les lotus blancs à chaque fois) sans aucune étrangeté. Le même scénario apparaît chaque fois qu'elle récite le mantra. Elle n'en avait jamais parlé à personne, sauf à Rinpoche.
Rinpoche lui dit : « C'est vraiment quelque chose d'ordinaire. »
Elle répondit également : « Oui, c'est très commun ! »

Un pratiquant bouddhiste ne devrait pas mettre son énergie sur un phénomène instantané, ni en être fasciné. Notre énergie serait dispersée en faisant ainsi et nous pourrions nous attarder sur seulement une partie des paysages du chemin de la pratique et notre vie humaine précieuse serait ainsi gaspillée. Nous devrions mettre notre énergie sur la diligence (pratiquer vigoureusement) ou suivre le chemin de Bodhisattva. Dans ce cas, notre talent ne serait pas gaspillé pour cette vie et notre Domaine de la pratique pourrait avancer un pas plus loin. Sinon, ce serait trop dommage.

 
Remarque : Pour les pratiques de certains Dharmas comme le Dharma du miroir-Autel de Cundhi, le Dharma de l’accomplissement du miroir de Maha Tara etc, il y a toutes sortes de bons présages quand la correspondance se produit ; on ne doit décrire la correspondance du Dharma tantrique en détail qu’à son propre Guru Racine.
Conclusion
1) Réfléchissons minutieusement ce qu'est l'esprit habituel ? Bien que le terme soit simplement composé de trois mots, combien d'entre nous pouvons vraiment comprendre ce qu'est l'esprit habituel dans notre vie quotidienne après tout ? Combien d'entre nous savons comment maintenir son esprit habituel ? Parmi eux, combien peuvent appliquer l'esprit habituel ? "L'esprit habituel", qui ne peut être tenu par les mains ni vu avec les yeux, peut être interprété comme un état d'esprit. Pour produire l'esprit habituel, on devrait d'abord acquérir un certain état mental pour gérer l'environnement. On doit accomplir un tel état d'esprit où « l'on n'est pas enchanté par des gains extérieurs ou attristé par des pertes personnelles ». Deuxièmement, l'esprit habituel est aussi une sorte d’état de réalisation. Le Sixième Patriarche Maître Zen Huineng a dit : « Puisqu’il n'y a pas une chose existante à l'origine, comment la poussière peut-elle se déposer ? » Cet état de réalisation qui implique la capacité de se tenir à l'écart des choses mondaines ainsi que l'auto-transcendance peut expliquer ce qu’est l'esprit habituel. Cependant, il n’incite pas quelqu’un à agir passivement pour s'échapper. Au contraire, il tente de manifester une attitude mentale positive dans laquelle des choses extraordinaires sont observées avec l'esprit habituel et par conséquent, tout devient ordinaire. Une telle attitude permet de réduire les chocs, les déceptions et la tentative de suicide lorsque l’on est face à l'échec. En regardant les choses avec l'esprit habituel, on est sous un esprit très tranquille pour penser positivement sans la perturbation de tous les ennuis fastidieux. Cependant, on ne devrait pas penser à l'existence de celui-ci (l’esprit habituel) et encore moins à le regarder. Dans ce cas, le domaine idéologique sera naturellement élargi et étendu. On ne se soucie plus des commérages, du sentiment de gratitude ou de ressentiment, de la réussite ou de l'échec, du gain ou de la perte, etc, sur le moment. Un tel esprit large est le tremplin le plus fort et le plus ferme qui permet d’avancer vers un autre sommet. Même si l’on ne parvient pas à atteindre le sommet, on ne le prendra pas à cœur parce qu'on enlace "l'esprit habituel". Par contre, on peut être dans une humeur sobre pour analyser et planifier la cible d'une autre ascension vers l'apogée. La force motrice d’agir ainsi provient de l'invisible "esprit habituel".
   
2) En récitant des mantras mais sans aucune correspondance réciproque, on pourrait être déçu et on aurait tendance à lâcher-prise (en lâchant prise de ne plus réciter de mantras, c'est-à-dire en s’abstenant de réciter des mantras). Ce type de "lâcher-prise" est un pseudo. On semble avoir lâché prise et ne plus réciter aucun mantra ; cependant, notre esprit, lui, est toujours attaché. Ainsi, on n'a pas vraiment lâché son "esprit attaché" ! Réciter des mantras sans l’apparition d'une correspondance mutuelle indique que vous êtes incapable de grimper à ce pic. Vous devriez donc réfléchir calmement : « Est-ce que j'ai commis des fautes ou des erreurs dans la prononciation des mantras ? Est-ce parce que je ne peux pas contrôler mon souffle correctement ? Est-ce que je manque de concentration ou ne suis-je pas physiquement assez fort pour continuer à réciter des mantras pendant près de deux heures ? Ou ai-je enfreint les préceptes tantriques qui m'empêchent de recevoir les bénédictions de Rinpoche ? ... etc. toutes les causes possibles. » Après avoir ajusté progressivement toutes les causes, on peut continuer à réciter diligemment des mantras à nouveau. Avec l'esprit de se remettre encore et encore après chaque chute ainsi que la capacité de continuer à lutter indomptablement malgré tous les revers, on peut donc escalader les sommets un par un avec réussite. Quand tout va naturellement, l’atteinte de la réussite est juste devant.
   
3) Dès que l'on est capable de saisir l'application de l'esprit habituel, la vie sera plus souple, docile et facile. On gère tout selon le concept de suivre la condition, de suivre la circonstance. Suivre la condition n’équivaut pas à faire tout de manière insouciante en suivant les moyens habituels. On s’efforce plutôt de faire de notre mieux et on laisse le reste à la volonté du ciel. Le mot "suivre" ne signifie pas aller derrière, c’est plutôt laisser la nature prendre son cours sans ressentiment, impatience, excès ou insistance. En outre, "suivre" ne se réfère pas à faire négligemment. C'est plutôt saisir des opportunités d'une manière qui n'est pas pessimiste, ni mécanique, ni paniquée, ni surexcitée hors de soi-même non plus. Sous un tel esprit ouvert, on peut ainsi établir une philosophie de vie positive et travailleuse pour profiter d'améliorations continues. Quand on réussit, on ne sera pas trop satisfait de soi pour éviter d'être retenu (à un certain stade). On peut donc parvenir à une vie parfaite dans sa routine quotidienne. On peut acquérir tout le Dharma du Bouddha et atteindre un accomplissement parfait (l’Eveil) ! J'espère sincèrement que chacun d'entre vous pourra atteindre cet "esprit" (habituel) dès que possible.
 

Les pratiquants tantriques débutants apprennent la "Visualisation du Yidam" dès le début. Le seul but de faire ainsi est d'aider à concentrer son esprit.
Il existe d'innombrables chemins du Dharma pour pratiquer le Bouddhisme Esotérique. Afin de s’adapter aux personnalités diverses de différentes personnes, un Yidam différent est choisi pour chaque individu. De nos jours, beaucoup de gens affluent pour apprendre le Bouddhisme Esotérique. En faisant une observation générale sur les pratiquants actuels, on constate que certains pratiquants novices, qui ont reçu leur propre déité Yidam, ne pratiquent pas de la manière enseignée par Rinpoche et ne suivent pas les procédures rituelles de lignée et les manuels de Dharma pour leurs pratiques du Yidam. Ils sont allés délibérément trouver une procédure rituelle qui exige au moins deux heures pour pratiquer. En fait, ils ont absolument tort et ont commis une très grosse erreur. Il faut savoir que dans cette société actuelle en évolution rapide et complexe, la plupart des laïcs doivent travailler très dur du matin au soir pour gagner leur vie. Le stress potentiel que l'on doit supporter est si lourd qu'il n'est vraiment pas facile d'extraire deux heures par jour pour les procédures rituelles et les manuels du Dharma. C’est vraiment difficile de le faire ainsi. Par ailleurs, plus les procédures rituelles sont longues, plus il est difficile de concentrer la conscience pendant la pratique. Par conséquent, la concentration dans la pratique d'une procédure rituelle d'une demi-heure est toujours bien meilleure qu’une pratique de deux heures ! En outre, même si l'on peut vraiment terminer la procédure rituelle de deux heures, son esprit est déjà découvert à tel point que l'on est brisé. Comment peut-on encore avoir assez d'énergie pour faire d'autres travaux (pratiquer la méditation Samadhi) ! Si les pensées tourbillonnent pendant la pratique de la procédure rituelle de deux heures, il n'est pas surprenant de trouver que l'on murmure en fait des mantras sans comprendre vraiment ! Pour les laïcs, il vaut mieux cultiver la pratique du Yidam avec une procédure rituelle de longueur normale ou même d’une version simplifiée. Peu importe qu'il s'agisse d'un manuel du Dharma à grande échelle (long), d'un format moyen ou d'un format petit (court), il faut le traiter avec l'esprit habituel. Pratiquer avec une longue procédure rituelle ne signifie pas que l'on est meilleur ou que l’on peut avoir la correspondance plus rapidement.

Espérons que vous pouvez tous apprendre à avoir un esprit habituel, cultiver un esprit habituel, développer un esprit habituel, comprendre un esprit habituel, expérimenter un esprit habituel et maintenir un esprit habituel ! ! !