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La route entre le domicile et le Centre
pour la pratique en groupe

L’amour et la sympathie sont comme du sable et de l'or, bien qu’ils soient mélangés ensemble, je peux quand même les distinguer très clairement. En mathématiques, la distance la plus proche entre deux points est une ligne droite. Cependant, c’est toujours moins évident dans l'art de vivre. Parfois, avoir des variations torsadées entre les deux points peut être plus harmonieux et assez intéressant ; ceci inclut l'amour, l'amitié, la carrière, les jeux et même quelques petites habitudes de vie.

Tout comme l'habitude spéciale que j’ai récemment développée, tous les soirs à 22 heures, je conduis pour rentrer chez moi après le travail à la clinique. Bien que je sois à la fois mentalement et physiquement épuisé, avec la tête qui tourne, j’abandonne quand même le fait de rentrer en voiture par la route droite la plus courte. Je conduis plutôt vers l'est puis je fais un tour vers l'ouest, me promenant tranquillement dans les environs. Initialement, il faut 10 minutes pour arriver à la maison, je mets une demi-heure à la place. Ce n’est pas parce que j’évite de rentrer chez moi, mais c’est pour permettre au milieu de ces deux extrêmes : le lieu de travail stressant et la douce maison, d’avoir une courbe romantique et un espace tampon pour le cœur et l'âme. Je me rends particulièrement dans un marché de nuit animé, où je peux apprécier les réverbères lumineux à partir de ma voiture, regarder aussi les différents styles et types de personnes, événements, affaires et voir les lieux où leurs activités animées se produisent. Curieusement, je découvre que certains magasins sont fermés et d’autres sont récemment ouverts. Peu importe qu’il y ait souvent des embouteillages, je ne les considère pas du tout comme une nuisance.

Ensuite, je conduis en passant par l’hôpital "Veterans General" et l'école d'infirmières, en regardant l'ambulance, avec sa sirène sonore "Wu Yi", qui se précipite à grande vitesse et que j’ai même délibérément laissée passer. Je regarde les gracieuses étudiantes et infirmières qui attendent les autobus publics, ou ces amoureux sur la route qui se disent au revoir affectueusement, cela me rappelle les doux souvenirs de ma jeunesse.

Enfin, je fais un autre détour par la route de la montagne qui mène au parc national de Yangmingshan. Sur la route, j'admire la belle scène de nuit mystérieuse de Taipei, puis je retourne au magnifique boulevard arboré. En étant accueilli par les arbres des deux côtés de la route, je rentre chez moi de manière décontractée.

Comme je suis assis dans la voiture, je parcours le monde coloré au dehors de la fenêtre et qui disparaît en un instant des coins de mes yeux. Bien que je ne sorte pas de la voiture pour me plonger dedans, j’expérimente quand même personnellement l’atmosphère détendue et joyeuse, comme en ayant regardé un film réaliste en Ukiyo-e japonais. Cette parade d'une demi-heure dans la voiture, résout les 12 heures par jour pleines d'ennui déprimant et de labeur dans la clinique. En fait, les deux points entre le lieu de travail et le domicile ne sont pas toujours une ligne droite, il devrait y avoir un point tampon : tout comme les plongeurs qui remontent des eaux profondes à la surface, ils doivent passer par une procédure de décompression pour la sécurité. Seulement de cette façon, on pourrait ne pas ramener chez soi de la pression du travail et de la sensation de fatigue.

La famille est absolument la place la plus sûre et la plus confortable dans le monde, ce n’est pas l'endroit pour vous décharger de votre déprime et frustration. Le travail de réduire la pression devrait être fait avant de mettre le pied devant la porte d’entrée, comme si vous mettez vos pantoufles dès que vous entrez dans la chambre. Dans notre société, beaucoup de gens, que ce soit des hommes ou des femmes, qui seront toujours réclamés ou à cause de leurs habitudes, se précipitent désespérément chez eux dès qu'ils terminent le travail. Chaque jour, à l’intérieur de la plus courte distance de la ligne entre les deux points du travail et de la famille, ils se balancent de manière monotone comme le mouvement d'oscillation d'un pendule. Souvent, en raison de la pression du travail avec la fatigue d’attraper un bus, dès qu’on arrive à la maison, l'endroit où les sentiments et comportements personnels sont souvent les plus acceptés et tolérés, on évacue pleinement toute la pression et frustration accumulées durant la journée, en jetant complètement toutes les ordures mentales sur nos plus proches membres de la famille, et on transforme le domicile en pandémonium (la capitale imaginaire des enfers) et désordre total.

Rentrer chez soi est fondamentalement la chose la plus heureuse, mais cela fait finalement paniquer et fuir les gens. Sur ce point, les Européens et les Américains comprennent mieux que nous parce qu'ils savent comment modérer le conflit entre le travail et la famille. Après le travail, les hommes vont toujours dans un bar pour boire une boisson ou un peu d'alcool, ils se mêlent au barman habitué pour se détendre, tandis que les femmes font les magasins et des achats, ou prennent le café avec des amis et discutent sur des affaires de famille.

En fait, le temps passé comme cela n’est pas considérable, mais c’est très bénéfique car cela contribue à alléger la pression au travail et à créer une bonne humeur en rentrant chez soi. Bien sûr, en raison de la différence entre les cultures et les habitudes de vie, ainsi que des différentes conditions de l'environnement "hardware et software", il nous est impossible de nous comporter de la même manière que les occidentaux, qui vont naturellement aux bars après le travail pour boire tranquillement quelques verres de bière, de café, ou pour trouver quelqu'un avec qui discuter. C’est dommage. Ainsi, je considère cette route du retour au domicile comme une méthode spéciale de détente. En fait, on n’a pas besoin de se plaindre des embouteillages, ni de se dépêcher de rentrer :

En étant capable d'être à l'intérieur d'un espace personnel enfermé et confortable d'une voiture, en écoutant de la musique douce et mélodique
En regardant les multiples facettes du comportement humain au dehors de la fenêtre de la voiture
En faisant tomber les émotions perturbantes de la journée et en planifiant les nouvelles idées pour le lendemain

Même en parcourant un peu plus de distance, en passant un peu plus de temps, quelle perte peut-il y avoir ?

Même si la personne qui vous attend à la maison peut avoir une opinion très différente sur votre retour tardif, cependant, lorsque qu’on accueille quelqu'un rempli de vigueur et ayant l’air radieux, ne sentirait-on pas aussi de la joie et du bonheur ? Ne craignez pas les embouteillages, ne soyez pas frustrés par les transports en commun bondés, considérez-les juste comme l’épreuve obligatoire qu’on doit subir pour arriver à la douce maison. Les oiseaux migrateurs doivent survoler plusieurs milliers de miles pour rentrer chez eux, les saumons doivent nager contre le courant et sauter par-dessus des chutes d'eau pour rentrer chez eux. Avec ce point à l'esprit, pourquoi sommes-nous encore pressés !? Qu’est-ce qui nous préoccupe !?

Post-scriptum :
Rinpoche me dit souvent d’avoir le Bouddhisme fusionné dans la vie quotidienne. Il précise en outre :

Une autre méthode spéciale de détente est : quand on arrive chez soi, après s’être reposé ou avoir fini le repas, on passe un peu de temps pour lire des Sutras bouddhistes et pour réciter des Sutras bouddhistes.
Le Sanctuaire ou le Centre où les disciples bouddhistes effectuent des pratiques en groupe est très certainement l'endroit le plus calme au monde. Ce n’est pas l'endroit où vous évacuez vos frustrations et perdez votre sang-froid. La tâche de réduire la pression de travail devrait être terminée avant que vous ne mettiez le pied à l'entrée.
Parmi les pratiquants de notre groupe, qu’ils soient masculins ou féminins, en raison de diverses exigences ou d’habitudes personnelles, certains se précipitent toujours désespérément vers leur domicile après le travail. Chaque jour, au sein de la plus courte distance de la ligne entre les deux points du travail et de la famille, ils se balancent de façon monotone comme le mouvement d'oscillation d'un pendule. Ils ne savent pas comment ajuster le conflit entre le travail et la famille. En fait, si on peut utiliser quelques minutes de plus dans le trajet en voiture pour visiter une librairie à proximité qui vend des livres bouddhistes et y faire un tour, même avec le peu de temps qu'on passe, il y aura d'énormes avantages, car cela permettra d'alléger la pression du travail et de promouvoir la bonne humeur avant de rentrer chez soi. Pour les disciples bouddhistes qui vivent tout près du Centre de pratique en groupe, ils peuvent même se rendre au Centre pour prier Bouddha, faire une offrande avec de l’encens et de l'huile, et partager leurs expériences et connaissances sur la pratique bouddhiste avec d'autres disciples... ; ainsi, on peut souvent, tout au moins, maintenir de bonnes pensées dans son esprit. Cela permet d’augmenter un peu plus de chance de réussite, de renaître dans les Terres du Bouddha et dans la Terre Pure de son Yidam !
Cela fait presque trente ans (on est maintenant au milieu de 2014) que Rinpoche me l’a dit. Les principes les plus évidents et fondamentaux semblent faciles, mais de nombreux disciples ne peuvent toujours pas les voir clairement ou s’en rendre compte. Ceci est probablement dû à leurs intérêts dans le Dharma bouddhiste, à leur enthousiasme dans la pratique bouddhiste et à leur développement dans la sagesse, c'est si regrettable, vraiment regrettable ! En prenant le repas à la même table, chacun pratique individuellement !! En ce qui concerne la pratique bouddhiste, c’est plus de labeur, plus de récompense !!!