Toujours prêt à rendre service à mes bons amis, j’écrivis un distique antithétique pour lui, en ajoutant la deuxième partie : "Ne pas considérer Huit Neuf", et l'inscription horizontale au-dessus : "Tout comme vous le souhaitez". Pour remplir l'espace entre les deux, je fis un dessin à main levée d'un vase à fleurs.
Quelques mois plus tard, les nouvelles de mon remariage furent publiées de manière inattendue dans les journaux ce qui générait beaucoup d'histoires bizarres et de rumeurs agaçantes. Un jour, je reçus un appel de mon ami, disant qu'il était assis dans son salon face à la calligraphie que j’avais écrite. Il dit : « Je ne peux pas penser à de meilleurs mots pour te consoler, permets-moi de te lire ta calligraphie : ''Toujours penser à Un Deux, ne pas considérer Huit Neuf, tout comme vous le souhaitez''. »
J’étais profondément ému par l'appel téléphonique de mon ami. Je pense souvent que c‘est facile de faire des éloges sur la jubilation de quelqu'un, mais qu’il est difficile d’apporter une aide au moment propice à quelqu'un en difficulté ou en détresse. La proportion de ce type est d'environ huit ou neuf à une ou deux. Ceux qui ne vous fournissent pas d'aide lorsque vous avez le plus besoin ne sont pas de vrais amis, sans évoquer ceux qui vous écrasent et vous humilient lorsque vous êtes au fond du gouffre.
Cependant, quand nous avons dépassé la quarantaine, nous avons été pour la plupart formés à ne pas être surpris lorsqu'on nous fait des éloges ou nous humilie dans la vie quotidienne ; nous ne nous préoccupons pas non plus d’accepter des louanges fastueuses, ou de recevoir de l'aide dans des situations désespérées, ou d'être écrasés et humiliés désagréablement. C’est parce que nous avons déjà enduré la souffrance et la frustration de la vie, que nous avons aussi expérimenté de nombreuses liaisons et ruptures dans les relations sentimentales, et que nous avons lentement découvert les préceptes dynamiques, heureux et positifs dans la vie. Ce genre de visualisation est exactement celle de "Pensez toujours à Un Deux".
La visualisation de "Pensez toujours à Un Deux" est semblable à la découverte d’un fil de lumière entre les épais nuages noirs à l'aube, semblable au recueil de quelques messages de paix et de tranquillité dans un monde bruyant et mondain, semblable à une longue respiration profonde au bord de l'asphyxie.
Il y a déjà assez de souffrances dans la vie. Si nous nous accablons des malheurs de toutes ces années, il nous sera certainement difficile d'avancer. Parfois, il est inévitable que nous souffrions dans la vie et dans les relations sentimentales. Cependant, si nous laissons même nos pensées et nos émotions tomber dans un état de chagrin, cela deviendra une souffrance auto-infligée et cette souffrance sera sûrement intensifiée.
J’ai déjà appris, il y a longtemps, comment faire face à l'adversité, lorsque je navigue sur la mer rugissante. J’ai toujours pensé : « Moi qui avais souffert de tous types de tourments extrêmes dans le passé, j'avais toujours réussi à trouver du plaisir dans l'adversité ; les petites souffrances et adversités auxquelles je fais face maintenant peuvent donc être supportées en conséquence. »
J’aimais bien lire les biographies et mémoires de grands personnages depuis mon enfance et ai progressivement déduit une formule : tous les grands personnages endurent de la douleur et de la souffrance puisque leur vie correspond quasiment à un témoignage de l'adage "Le malheur dans la vie est souvent Huit Neuf". Quand ils font face à l'adversité, ils parviennent cependant à maintenir une manière positive de penser. Ils peuvent "toujours penser à Un Deux". En fin de compte, ils surmontent leur douleur et leur souffrance et les transforment en nourritures les plus fertiles de la vie. C’est la clé de préparation pour la floraison de la fleur de lotus.
Ce qui me touche profondément dans les grands personnages n'est pas leurs souffrances et difficultés, car les souffrances sont communes et omniprésentes ; c’est leur persévérance, leur optimisme et leur courage face aux souffrances et difficultés qui me touchent le plus.
En fait, que tout aille bien ou non, cela ne dépend pas de notre destin dans la vie, mais plutôt de notre état d'esprit.
En fait, la qualité de vie ne dépend pas de huit neuf, mais plutôt de un deux. (remarque : cela signifie que ce ne sont pas les 80 ou 90% de probabilités, mais les 10 ou 20% de possibilités qui déterminent la qualité de la vie.) |