L'étude des trois disciplines
 

La pratique de la voie bouddhiste de la libération a pour commencement les préceptes, pour centre la méditation et pour but la sagesse. Ces trois éléments constituent « l'étude des trois disciplines » qui sont toutes indispensables. Les êtres sont attachés depuis des éons par des troubles tels l'avidité, la colère, l'ignorance, l'orgueil, le doute… Ils sont si constamment égarés dans l'illusion qu'ils se réincarnent dans le cycle de vie et de mort sans pouvoir s'en délivrer. Les préceptes, la méditation et la sagesse sont utilisés pour ôter l'avidité, la colère, l'ignorance et pour supprimer les troubles, afin d'atteindre l'état où « aucun acte mauvais ne doit être commis, tout acte vertueux doit être effectué, l'esprit doit être purifié par soi-même ».

1. Les préceptes

Les préceptes, "sila" en sanscrit, c'est-à-dire préceptes moraux, sont utilisés pour maîtriser les karmas du corps, de la parole et de l'esprit, afin d'arrêter les actions mauvaises et de poursuivre les actes vertueux. Si nos pensées et nos comportements sont en accord avec les préceptes moraux, nous pouvons naturellement parvenir à la stabilité paisible du corps et de l'esprit, à la pureté de la conduite, et à l'accès rapide de la voie juste. La fonction des préceptes est de rompre la cause de la réincarnation, c'est-à-dire de rompre toute sorte de mauvaises causes ; même la cause vertueuse doit être rompue, car une fois cette cause rompue, cela permettra de ne plus tomber dans le samsara. En réalité, les préceptes sont une sorte de vœu, on les utilise pour se canaliser et pour atteindre le but où aucun acte mauvais n'est commis.

Les préceptes du Bouddhisme exotérique distinguent les préceptes pour moines et ceux pour laïcs. Dans les préceptes pour laïcs, il y a les Cinq préceptes, les Dix vertus, les Huit préceptes, les préceptes de Bodhisattva… alors que pour les moines, il y a deux cent cinquante préceptes, et pour les nonnes, trois cent quarante huit…

Dans les préceptes du Bouddhisme ésotérique, nous pouvons distinguer trois grandes catégories : les "Préceptes de règles", les "Préceptes de bonne conduite", les "Préceptes de bonté envers les autres". Les « Cinquante Stances de Dévotion au Guru » et les préceptes de Bodhisattva font partie des préceptes du Kriya Tantra et du Carya Tantra ; les préceptes des cinq Dhyani-Bouddhas appartiennent au Yoga Tantra ; les Quatorze transgressions-racine à l'Anuttara Tantra ; par ailleurs, il y a aussi les préceptes liés à chaque yidam formant le corps principal des préceptes du Samaya.

Les préceptes du Bouddhisme exotérique sont la base des préceptes du Bouddhisme ésotérique, tout comme les préceptes de Bodhisattva du Mahayana englobent les préceptes de libération individuelle du Hinayana. C'est pourquoi, un vrai pratiquant du Vajrayana devrait suivre les préceptes de libération individuelle sur le plan extérieur, les préceptes de Bodhisattva sur le plan intérieur et les préceptes du Vajrayana sur le plan secret.

2. La méditation

La méditation, "samadhi" en sanscrit, est une méthode de pratiques contemplatives et réflexives pour maîtriser les pensées distraites et focaliser la pensée vers une concentration totale de l'esprit et un état d'unicité du corps interne et externe. Il y a trois fonctions principales de la pratique de la méditation : tout d'abord, l'atteinte de l'harmonie entre le corps et l'esprit, et celle de la santé, puis la stabilité spirituelle, et enfin le développement de l'esprit de sagesse et de compassion.

En fait, il est beaucoup plus difficile de contrôler son esprit que de contrôler tous les éléments externes. C'est seulement après avoir pratiqué la méditation que l'on découvre que ses propres pensées ressemblent à un torrent, à un éclair et qu'elles sont incontrôlables. Afin de maîtriser cet esprit ressemblant à un cheval sauvage, il faut avoir une énorme détermination et pratiquer diligemment la méditation sur une longue période pour pouvoir y arriver.

3. La sagesse

La sagesse, "prajna" en sanscrit, correspond à la "sagesse transcendante". Elle procure une connaissance profonde des phénomènes. Ce type de sagesse n'est pas la sagesse d'intelligence mondaine, mais la grande sagesse provenant de la force de la méditation, la sagesse "sans écoulement". Dans le Bouddhisme, on distingue un grand nombre de catégories de sagesse. Il y a trois préliminaires à la sagesse : l'écoute de l'enseignement, la réflexion intérieure, la pratique.

La prajna peut être divisée en plusieurs types :

la prajna "littéraire" obtenue par l'étude des sutras,
la prajna "contemplative" résultant de développements mentaux,
la prajna "de la vraie apparence" qui est la prajna ultime. Le but des précédents types de prajna est d'atteindre la prajna « de la vraie apparence » qui est une sorte de sagesse infinie, générée après l'atteinte de l'éveil.
 
Conclusion :
Le but de la doctrine bouddhiste réside dans la purification du monde. Mais la purification du monde doit commencer par celle de l'esprit intérieur de chacun, c'est-à-dire par l'établissement de pensées justes, en pratiquant les trois disciplines - préceptes, méditation, sagesse - pour purifier le corps et l'esprit. La base du Bouddhisme réside donc dans l'étude des trois disciplines. L'objectif des préceptes est de mettre fin aux actes mauvais et aux pensées non vertueuses ; si l'esprit est pur et bon, on peut accéder à la stabilité méditative ; si la force de la méditation est profonde et durable, la fonction de la sagesse peut alors s'opérer. Par conséquent, les trois disciplines ont pour base fondamentale l'esprit intérieur ; ainsi, commencer par purifier son propre esprit correspond à l'attitude de la pratique la plus juste.