Vacuité des trois roues et dons
 

Le concept de « vacuité des trois roues » fut évoqué dans le Sutra du Diamant : Bouddha Sakyamuni révéla à Subhuti que les Bodhisattvas devaient donner des dons sans arrière-pensée.

Dans le domaine des dons, les « trois roues » désignent le donneur, le receveur et l'objet du don. La « vacuité des trois roues » désigne le non attachement à l'acte d'offrir et la visualisation de la vacuité du donneur, du receveur et de l'objet. Si le donneur, en faisant un don, pense constamment à sa propre bienveillance vis à vis du receveur, il effectue un don avec « la notion de forme ». Ce type de dons permet d'acquérir uniquement un bonheur mondain et temporaire. Cela correspond à une « vertu bénie » et non à du mérite. Le don doit être effectué sans la notion de forme pour que du vrai mérite puisse être accumulé. Le mérite est différent de la vertu bénie. Pour un adepte, le mérite peut créer des conditions propices durant les étapes de sa pratique, afin qu'il soit, tout au long du chemin spirituel, plus rapidement libéré du cycle de vie et de mort pour atteindre l'éveil. Quant à la vertu bénie, elle correspond à une récompense bénie pour la vie future : par exemple, le don d'argent permet d'acquérir plus de richesse.

Le Bouddhisme place le don en première place dans les « quatre méthodes de pacification » et dans les « six perfections », c'est dire l'importance que revêt le don. Généralement, les gens pensent que le don est un don d'argent. En réalité, on distingue trois types de dons : le don matériel, le don du Dharma et le don d'intrépidité.

  • Le don matériel : on distingue le don matériel « externe » et le don matériel « interne ». Les biens matériels externes désignent les objets externes à notre corps tels que l'or, l'argent, les trésors, les vêtements, la nourriture, les terrains, les maisons, les animaux, les médicaments… Quant aux biens matériels internes, ils désignent notre propre corps : la tête, les yeux, la peau, les muscles, les dents, les cheveux, la langue, la bouche, les membres, le cerveau, le sang… c'est-à-dire tout ce qui est lié à notre corps, même notre propre vie.

  • Le don du Dharma désigne tout type de moyens employé pour faire comprendre aux êtres le Bouddhisme : tout discours lié au Dharma, la prédication du Dharma, les transmissions orales et les enseignements des théories bouddhistes sont des exemples de dons du Dharma. Dans la vie quotidienne, le fait d’évoquer la loi du karma aux gens ou de les conseiller de suivre le précepte de ne pas nuire à la vie d'autrui représente un type de don du Dharma, l'essentiel étant que le contenu soit conforme aux principes bouddhistes. Mais il faut prêter attention au receveur lorsqu'on évoque les théories bouddhistes. Par exemple, le fait de préconiser les principes du Mahayana à une personne plus disposée aux enseignements du Hinayana, le fait de recommander le Hinayana à une personne ayant une base dans le Mahayana, ou le fait de prêcher le Dharma tantrique à une personne n'ayant pas encore reçu de transmission, ne sont pas appropriés ou sont à l'encontre du Dharma. Par conséquent, faire don du Dharma en prêchant le Bouddhisme nécessite une connaissance indubitable et correcte de la doctrine bouddhiste et un certain niveau de pratique, ou bien, cela requiert l'autorisation d'un maître.

  • Le don d'intrépidité désigne le courage de sauver les êtres du danger afin de les éloigner de la peur et des tourments. Quand, par exemple, une personne est déprimée ou découragée, si nous pouvons lui prononcer des paroles d'encouragement afin qu'elle reprenne confiance, cela représente un don d'intrépidité. Lorsqu'un Bodhisattva fait don d'intrépidité, il fait don de sa propre vie aux êtres sans redouter le danger.

En résumé, nous pouvons employer le don matériel, le don du Dharma ou faire don en recourant à la grande intrépidité pour aider les êtres. Mais peu importe le type de don, il ne faut surtout pas s'attacher à l'idée de donner, ne pas se préoccuper de savoir qui a pu accomplir cet acte, qui a accumulé du mérite ; sinon, nous n'obtiendrions pas l'essence de la pratique spirituelle. Au contraire, nous devons avoir à l'esprit la notion de vacuité : il n'y a pas de donneur, de receveur et d'objet du don. Ceci correspond au don pur. Le don dans la vacuité représente les préliminaires de la pratique spirituelle et permet de vaincre l'avidité. C'est pour cela que le vrai but de la vacuité des trois roues est d'abolir l'ego afin d'acquérir la sagesse permettant de comprendre que tout est vacuité à l'origine.