Le mois des miracles, le jour des miracles

 

Selon le Bouddhisme tibétain, le 1er mois du calendrier tibétain, du 1er jour jusqu’au 15e jour, est considéré comme le mois des miracles de Bouddha Sakyamuni. Les effets karmiques des actions positives et négatives effectuées au cours de ce mois (c’est-à-dire la partie éclairée du mois lunaire dans le calendrier indien) sont multipliés par cent mille, c’est pourquoi, le mois des miracles est aussi nommé "le mois qui permet d’accroître cent mille fois les karmas positifs ou négatifs". Si, durant ce mois des miracles, vous pouvez moins voyager, être déterminés à éliminer toutes les actions négatives, à manger végétarien, à réaliser tout acte vertueux, à progresser dans la pratique spirituelle, alors, les mérites accumulés comparés à ceux accumulés lors de jours ordinaires en effectuant des mêmes actes vertueux, seront accrus de cent mille fois. Au cours de ce mois, le 15e jour du 1er mois du calendrier tibétain est considéré comme le jour des miracles du Bouddha, tous les mérites et effets positifs accumulés ce jour-là sont encore plus inimaginables et particulièrement fabuleux.

Après avoir pratiqué l’ascétisme, le Vénéré du Monde alla s’asseoir sous un arbre de la Bodhi et fit vœu d’atteindre l’Eveil ; la force de Son Vœu secoua le palais du Roi-démon. Ce dernier fut extrêmement pris de panique et eut peur qu’une fois l’Eveil atteint, le Vénéré du Monde pût délivrer d'infinis êtres hors du monde des démons et réduire ainsi le nombre des proches des démons ; le Roi-démon ordonna alors à de nombreuses filles démons, à des soldats et généraux démons, de venir Le troubler et L'intimider. Le Vénéré du Monde tout au long de Sa méditation persista toujours à pratiquer avec confiance. Le Roi-démon transforma les filles démons en jolies filles pour qu’elles séduisissent Le Vénéré du Monde. Le Vénéré du Monde entra dans un état merveilleux lumineux, l’esprit extrêmement paisible, inébranlable face aux environnements extérieurs ; de plus, Il utilisa des pouvoirs mystiques afin que les jolies filles démons, en se regardant entre elles, se transformassent toutes en vieilles femmes laides. Le 8e jour du 12e mois lunaire, Le Vénéré du Monde sous un arbre de la Bodhi contempla les étoiles lumineuses du ciel dans la nuit et  réalisa finalement tout à coup la Vérité de l’univers et de la vie, Il atteignit l’Illumination.

Le Roi-démon, sans solutions, dirigea alors personnellement un groupe de démons pour lancer les assauts ; du 1er jour du 1er mois jusqu’au 15e jour, il passa à une offensive de plus en plus intense chaque jour ; le Vénéré du Monde avec des pouvoirs mystiques extraordinaires d'un Bouddha, put soumettre les démons et les vainquit tous. (Durant ces quinze jours, Bouddha Sakyamuni démontra chaque jour un type voire beaucoup de types de miracles, c’est pour cela que les mérites des pratiques spirituelles sont multipliés par cent mille fois durant cette période).

Le pratiquant peut, durant cette période du mois des miracles, effectuer de manière vaste des actes positifs, selon ses possibilités, au niveau du corps, de la parole et de l’esprit :
- au niveau du corps : libérer les animaux, faire offrande de nourriture végétarienne, marcher autour de montagnes sacrées, des temples, des stupas, des oratoires, etc...
- au niveau de la parole : lire toutes sortes de Sutras, réciter des Mantras.
- au niveau de l’esprit : faire voeu de la Bodhicitta, réciter des vœux tout en maîtrisant son corps et ses paroles.
Dans le Bouddhisme tibétain quelle que soit la branche, il y a une importance particulière à organiser des pratiques rituelles communes durant ce mois des miracles, car tous les participants aux rituels reçoivent en même temps l’ensemble des bienfaits de la pratique ; par exemple, pour cent personnes participantes, si chaque personne récitait cent mille fois, la totalité des cent personnes bénéficierait de dix millions d'énormes mérites. C’est pour cela que beaucoup de monastères bouddhistes tibétains organisent de grandes cérémonies de pratique commune le mois des miracles.

Notes :

  • Une autre version : le mois des miracles commence du 1er jour au 30e jour du 1er mois ; cette version est aussi possible, mais dans ce cas, l’importance de la première quinzaine du mois, c'est-à-dire la partie "éclairée", devra être soulignée. Dans le calendrier indien, selon les phases de la lune (pleine lune et nouvelle lune), chaque mois lunaire est composé de deux parties : d'une partie obscure et d'une partie éclairée (en Pali sukka-pakkha) ; dans un mois, "la partie obscure devance la partie éclairée". La partie éclairée est équivalente à la première quinzaine du mois dans le calendrier lunaire chinois.

  • Dans le Bouddhisme tibétain, des tours bouddhiques furent érigées au Tibet, dans la province du Qinghai, etc, pour commémorer le jour des miracles du Bouddha, ces tours sont appelées "tours contre les démons".

  • Quelle est la différence entre le calendrier tibétain et le calendrier chinois ?
    Dans les anciens temps au Tibet, il n’y avait pas de calendrier tibétain, c’est pour cela que le jour de la floraison des fleurs de pêcher était considéré comme le début de la nouvelle année. Le calendrier tibétain actuel avait démarré en l’an 1027. Par la suite, le 1er jour du calendrier tibétain a ainsi été fixé comme le Nouvel An au Tibet.

    Dans le calendrier tibétain, il y a douze mois par an, trente jours dans le grand mois et vingt-neuf jours dans le petit mois ; tous les mille jours, il y a un mois intercalaire. Le calendrier tibétain se conforme aussi au calendrier chinois qui note les années selon les tiges célestes, les branches terrestres et les cinq éléments. Le calendrier tibétain considère tous les 12 ans comme un petit cycle, tous les 60 ans comme un grand cycle, le premier grand cycle commençant à partir de l’année 1027.

    Le calendrier tibétain et le calendrier chinois diffèrent d'environ un mois ; la première quinzaine du 1er mois correspond à la période du Nouvel An tibétain, ce qui est assez similaire au calendrier chinois.

  • Il y a de très nombreuses fêtes tibétaines et elles sont déterminées selon le calendrier tibétain. Hormis les fêtes traditionnelles, il y a beaucoup de fêtes religieuses au Tibet et les cérémonies organisées durant le mois des miracles sont effectivement des rituels bouddhistes conçus et adaptés à la tradition populaire.

    La grande cérémonie de Prière au monastère de Jokhang
    C’est la plus grande fête religieuse au Tibet qui a lieu dans la période allant du 4e au 15e jour du 1er mois du calendrier tibétain. Cette cérémonie a pour origine la grande cérémonie de prière à Lhassa en l’an 1409, organisée par Maître Tsongkhapa, fondateur de l’école Gelugpa. Des dizaines de milliers de moines des trois grands monastères du Tibet étaient rassemblés dans le temple de Jokhang et aux alentours, récitant d'abord des Sutras, priant avec ferveur devant la statue de Bouddha Sakyamuni et invitant de grands vénérables lamas à donner des discours sur le Dharma. Au cours de cette période, se déroulaient de manière rigoureuse des examens de "Guéshé", les moines des trois grands monastères faisaient des débats sur les Sutras afin d’élire des diplômés d'honneur le plus élevé ; le Dalaï Lama venait en personne surveiller les examens, les grands lamas des trois grands monastères y participaient ensemble, des dizaines de milliers de moines y assistaient sur place. Les diplômés issus des examens obtenaient, on peut dire, le plus haut titre de doctorat d'honneur en études bouddhistes. En outre, les bouddhistes des différentes régions tibétaines et les donateurs venaient également dans ce lieu de pèlerinage vénérer des Bouddhas, faire des dons et des offrandes. Enfin, une statue spéciale de Bouddha Maitreya était exposée pour le défilé des moines afin de donner bénédiction pour la paix et le bonheur aux bouddhistes de chaque endroit.

    La fête des lampes de beurre
    Le dernier jour de la grande cérémonie de Prière du monastère Jokhang correspond au 15e jour du 1er mois du calendrier tibétain. Ce jour-là, les gens vont se réunir sur la route du Barkhor qui encercle le temple de Jokhang ; dans la journée, ils tournent incessamment les roues de prière et effectuent des prosternations ;  dans la soirée, ils mettent en place tous types d’étagères colorées et y déposent des sculptures fabriquées à partir de beurre comme des statues colorées de déités, des figures humaines, des fleurs, des arbres, des oiseaux, des animaux, etc. Ensuite, ils allument des lampes de beurre, et ces personnes (hommes, femmes, vieux, jeunes) vont toutes encercler les lampes, chantant, dansant, et pratiquant des rituels de prières pour le bonheur.
  • Le démon attaqua avec force mais ne put faire échouer ni faire périr le Bouddha, alors il changea de méthode et utilisa la façon douce en persuadant le Bouddha d’entrer dans le Nirvana. Il Lui dit : « Vous avez fait vœu d’atteindre la bouddhéité toute Votre vie, Vous l’avez maintenant réalisé, Vous avez atteint l’Eveil ultime, alors, Vous pouvez entrer dans le Nirvana. » Par la suite, le Bouddha sous-entendit trois fois au Vénérable Ananda pour qu’il Lui demandât de rester en ce monde. Malheureusement, Ananda ne comprit pas le discours du Bouddha. Le Bouddha accepta alors la requête du démon et entra dans le Nirvana.

Enfin ici, grâce à la bénédiction du Guru, des Bouddhas et Bodhisattvas, des Dharmapalas et Dakinis, et grâce à la puissance des pratiques communes avec ferveur de tous, à la pratique spirituelle avec diligence, à la conduite des actes vertueux avec diligence, on éliminera rapidement le karma passé, on accumulera des mérites et on progressera dans la Voie.
Que les êtres des Dix Directions profitent de cette occasion exceptionnelle pour pratiquer le Dharma durant cette période. Nous prions spécialement à nouveau pour que tous les grands êtres vertueux restent longtemps en ce monde, tournent la roue du Dharma afin que le Bouddhisme demeure pour toujours, que le monde soit en paix, les pays prospères et les peuples sains et saufs.