Ces deux lignées étaient originaires de l'Inde. Mais au cours du XIVe et du XVe siècles, le Shangpa Kagyu fut en déclin et seul demeura le Dakpo Kagyu. Ainsi, lorsque l'on évoque l'école Kagyu, il s'agit généralement du Dakpo Kagyu.
Le fondateur de l'école Kagyu fut Marpa (1012-1097). Il avait suivi les enseignements bouddhistes en Inde où il s'était rendu trois fois, et il s'était aussi déplacé quatre fois au Népal. Marpa avait de nombreux maîtres dont notamment le maître indien Naropa. Par ailleurs, il avait traduit de multiples Sutras du sanscrit en tibétain et était alors surnommé le grand traducteur Marpa. Il donna la transmission de ses enseignements à son principal disciple : Milarépa.
Milarépa (1040-1123) était un personnage très populaire au Tibet. Afin de purifier le karma de son disciple, Marpa lui faisait effectuer des tâches rudes telles que la construction de maisons… Puis, Marpa transmit finalement à son disciple Milarépa la totalité du Dharma tantrique.
Milarépa eut de nombreux disciples dont le plus connu était Dagpo Lhaje (1079-1153) qui était très doué en médecine. Ce dernier était surnommé Gampopa parce qu'il résidait souvent dans le temple qu'il avait construit, le temple "Gampo". Gampopa rassembla les enseignements de la lignée Kadampa et ceux transmis par Milarépa. Il les synthétisa en soulignant le "Mahamudra" comme enseignement principal. Ce fut l'origine de la lignée Dakpo Kagyu de l'école Kagyupa. Par la suite, le Dakpo Kagyu continua à se répandre et à donner naissance à quatre écoles principales (fondées par quatre illustres disciples de Gampopa) et à huit "petites écoles" (fondées par les huit disciples de l'un des derniers disciples de Gampopa).
L'une des quatre principales écoles existant jusqu'à nos jours est le Karma Kagyu, fondé par un disciple de Gampopa : Dusum Khyenpa (1110-1193). Ce dernier fit construire un temple dans un lieu appelé Karma, d'où son surnom de "Karmapa". Deux points sont à souligner spécifiquement sur cette école : l'établissement pour la première fois dans le Bouddhisme tibétain de la tradition des lamas réincarnés, la lignée des Karmapas n'ayant pas été rompue jusqu'à nos jours. Le second point porte sur la grande influence du Karma Kagyu dont la relation avec les autorités royales était très étroite. Lors de la première moitié du XVIIe siècle, l'école détenait les pouvoirs politiques du Tibet.
Le Karma Kagyu se subdivisa en deux branches : celle de la couronne noire et celle de la couronne rouge.
Le deuxième Karmapa Karma Pakshi (1204-1283) qui reçut du roi une couronne noire aux contours dorés fut à l'origine de la branche "couronne noire". Par ailleurs, le renommé cinquième Karmapa Dekshin Shekpa (1383-1415) fut conféré le titre de "Grand roi bouddhique". A partir de ce moment-là, ce titre fut attribué aux lamas réincarnés portant les couronnes noires.
La provenance de la couronne rouge vint du premier Tulku (lama réincarné) qui reçut du roi de la dynastie Yuan une couronne rouge aux contours dorés. Il fut le disciple du troisième Tulku de la branche "couronne noire". Mais la lignée de la couronne rouge cessa lors du règne de l'empereur Qianlong de la dynastie Qing.
Brièvement, la particularité de l'école Kagyu est la largeur de son réseau, la multitude des branches et des ressources humaines suffisantes.
Enfin, la spécificité des enseignements de l'école Kagyupa réside sur la pratique des "Six yogas de Naropa" et du "Mahamudra". Cette école souligne l'importance du Bouddhisme tantrique et met en évidence la transmission orale. Elle ne met pas l'accent sur l'écrit mais sur la pratique jusqu'à l'atteinte de la sagesse par le Mahamudra. |